Tous les articles par Cédric Puisney

Quelle place pour les biocarburants en Europe?

Crise pétrolière oblige, on s’interroge beaucoup ces temps-ci sur l’avenir de l’essence dont les coûts financier et écologique sont de plus en plus élevés. La solution, on la connaît à long terme: il faudra remplacer cette essence source de gaz à effet de serre (21% des émissions totales dans l’UE sont liées aux transports) et dont l’exploitation finira de toute façon par coûter trop cher, par une énergie propre et recyclable, probablement l’hydrogène.

D’ici là, il existe déjà des solutions qui vont dans le bon sens de l’environnement: les biocarburants, notamment le bioéthanol ou le biodiesel, également connu en France sous l’appellation Diester (diesel+ester). Quelle différence me direz vous? Le premier est le résultat de la fermentation de betteraves/canes à sucre avec des céréales. Le Diester®, quant à lui, est le biodiesel made in France (encadré par l’Etat dans la cadre du Plan biocarburant) élaboré à partir d’huile de colza ou de tournesol cultivé sur des terres arables ou auparavant mises en jachère.

En creusant un peu le sujet, on découvre d’ailleurs l’existence d’une filière française des huiles et proétines végétales (la Proléa), dont le site web nous apprend notamment que le diester émet 75 % de gaz à effet de serre de moins que le gazole! Ou encore que la production de ce biocarburant ne fait pas monter le prix des céréales contrairement au bioéthanol. Le biodiesel est donc plus social que le bioéthanol dans une économie mondiale où le prix des matières premières alimentaires tend à augmenter. Pour sensibliser le grand public à ces enjeux, la Proléa a d’ailleurs décidé de communiquer à fond sur le Diester depuis la fin septembre. A ce titre, je vous invite à visionner cette vidéo pédagogique qui explique la fabrication du biodiesel.

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Et si l'iPhone lançait une vraie téléphonie européenne?

Le titre paraîtra pompeux pour certains. C’est en tout cas ma réflexion actuelle au vu de deux événements récents marquants dans le monde européen de la téléphonie mobile:

  1. l’iPhone est désormais en vente dans toute l’UE
  2. la Commission Européenne a décidé de s’attaquer aux arnaques des opérateurs télécoms

L’iPhone, on aime ou n’aime pas, mais reconnaissons lui une chose: il pose clairement la question de l’internet mobile. On en parle depuis des années, on en voit enfin la couleur avec des forfaits téléphonie/internet tout compris (ou presque).

Dans le même temps, le consommateur européen consomme de plus en plus de téléphonie mobile dans son pays, mais aussi dans l’UE en général. J’en avais déjà parlé : les opérateurs télécoms nous prennent pour des pigeons! A titre d’exemple, en 2004, je payais environ 7 cts le SMS local en Finlande contre 15 cts en France. Des différences qui n’ont guère évolué depuis et qui s’accentuent dès lors qu’on sort de ses frontières (les fameux coûts d’itinérance, alias roaming). Mais de quelles frontières parle-t-on?

Pour vivre au Luxembourg, pays de passage par excellence, la notion de frontière m’est encore plus étrangère qu’auparavant. Pourtant, chaque fois que je parcoure à peine 20km et que je me retrouve en Belgique, en France ou en Allemagne, je vois ma facture mensuelle gonfler de manière irrationnelle… Je sens aussi un sacré bordel tarifaire au doux parfum d’arnaque parfaitement résumée par l’illustration ci-dessous (récupérée sur le site de l’opérateur luxembourgeois Vox).

Vous y comprenez quelque chose? D’autant qu’on ne sait jamais si le coût sera facturé dans le forfait ou pas.

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La riposte graduée ne passera pas par Bruxelles !

C’est bien connu: en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées… malheureusement souvent foireuses! Dernière en date, le projet de loi Hadopi alias « Internet et Création », alias riposte graduée. Mais quel est donc ce machin?

Il s’agit de remettre dans le droit chemin les vilains internautes qui téléchargent sur le web, car télécharger, c’est mal! Concrètement, si un internaute est flashé pour excès de téléchargement, il recevra un gentil mail lui demandant d’arrêter. Au 2ème avertissement, une lettre avec accusé de réception. Au 3ème, il verra sa ligne ADSL coupée entre 3 mois et 1 an, avec interdiction de se réabonner ailleurs durant cette période.

Jusque là, il existait ce qu’on appelle un « tribunal » qui pouvait sévir contre des pirates en vertu des lois qui protègent la propriété intellectuelle. Rien de plus normal. Ici, c’est l’Hadopi, c’est à dire la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet qui fait la loi! Problème: il s’agit d’une autorité administrative indépendante faite par et pour les ayant-droits, studios de cinéma, majors, etc… qui ont décidé de faire la peau au téléchargement et au web qui pille leurs ventes de disques depuis bientôt 10 ans. Ou quand la victime est aussi le bourreau…

Une mesure plus qu’absurde…

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Europarl TV, futur pétard mouillé ?

Bien, bien, bien… Bientôt une semaine qu’a été lancée la nouvelle chaîne parlementaire européenne: EuroparlTV. En France, on avait déjà LCP/AN, sympathique pour tout amateur de politique qui se respecte, malheureusement désespérément franco-française, donc partiellement inutile. Voici donc l’alter-ego européen. Sur le papier, ça me plaît. Et dans les faits ?

Voici une chaîne à portée pédagogique qui vise clairement une cible jeune. Je vois d’ailleurs ce maillon comme un prolongement d’EUtube. Avec comme objectif de développer l’espace public européen. De bon augure à un an des prochaines élections européennes.

EuroparlTV, ce sont ainsi 40 millions d’euros de budget sur 4 ans, 4 canaux d’information disponibles dans plus de 20 langues. En bon home-cinéphile maniaque du multilinguisme, je dois tirer mon chapeau, c’est encore mieux qu’un DVD de chez Warner et sa dizaine de langues disponibles en sous-titres ! Tandis que la vidéo enchaîne différentes langues européennes (toujours en VO), on peut ainsi faire tourner les sous-titres en finnois, néerlandais, maltais, etc… Dommage cependant qu’on ne puisse modifier la langue à la volée.

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Europeana: Eldorado de la culture européenne ?

logo EuropeanaÇa commence à bouger au niveau d’Europeana, la future bibliothèque numérique européenne (à ne pas confondre avec la European library). Piquée au vif par Google en pleine folie de numérisation de livres, l’Union Européenne avait dégainé « son » projet de numérisation de la culture européenne.

La date de lancement est maintenant fixée : Novembre 2008. Avec des premiers chiffres qui laissent rêveur :

  • 2 millions d’ouvrages et de documents multimédias (œuvres musicales, tableaux, photographies, films) fin 2008 – 6 millions d’ici 2010.
  • 120 millions d’euros de budget alloués pour 2009 et 2010
  • 90 partenaires (musées, archives, bibliothèques, collections audio-visuelles)

Le concept? Viviane Reding, Commissaire à l’Information, le résume en quelques mots:

« La bibliothèque numérique européenne permettra à tous d’accéder facilement et rapidement, depuis leur pays d’origine ou depuis l’étranger, aux œuvres artistiques et littéraires européennes. Ainsi un étudiant tchèque pourra consulter les ouvrages de la British Library sans aller à Londres, tout comme un amateur d’art irlandais pourra admirer la Joconde sans subir les files d’attente du Louvre ».

Contrairement au projet mort né de « Google Killer », j’ai nommé feu Quaero, ce projet semble plutôt bien parti. Les partenaires en présence viennent de toute l’Europe et pas uniquement de l’UE. Citons notamment la Norvège. Mieux encore, on retrouve même les plus eurosceptiques, Danemark et Royaume-Uni en tête. Côté francophone, Europeana bénéficiera de l’apport de la BNF (qui livrera plus de 150 000 ouvrages d’ici la mi-2009) et surtout des archives audiovisuelles de l’INA.

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Quand le Parlement Européen se casse la gueule

Je ne sais pas trop comment prendre cette nouvelle. Une partie du faux plafond de l’hémicycle du Parlement de Strasbourg s’est effondrée mardi soir. Un défaut de fabrication regrettable vu le jeune âge du bâtiment (inauguré en 1999). Heureusement, aucun blessé. Mais il n’en faudra guère plus pour raviver le débat autour d’un siège unique à Bruxelles. Je maintiens que tout cela est un gâchis. Déjà que la ville de Strasbourg avait revendu le bâtiment du PE (après en avoir financé les travaux et l’avoir  loué durant 25 ans) à l’Union Européenne en 2004 dans un climat de suspicion et d’accusations gratuites contre la capitale alsacienne (lire ici ou )… Alors aujourd’hui, on se demanderait presque l’intérêt de payer des réparations pour un bâtiment qui semble désespérément condamné ?

De manière générale, je me demande encore et toujours comment on a pu en arriver à construire deux parlements flambant neufs, un à Strasbourg, un à Bruxelles, en même temps ? Il faut être sacrément crétin !

Tout cela est pathétique. En même temps, je trouve le timing parfait : cette image du « toit de l’Europe » qui se casse la gueule en même temps qu’une certaine Europe (intergouvernementale) arrogante, autiste qui rêve encore et toujours de puissance dans un système à l’unanimité qui la rend impuissante.

Les images parlent d’elles-mêmes…

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Archiver l'histoire de l'Union Européenne

Récemment, je recevais un mail du webmaster du site de l’ENA. Rassurez vous, je ne parle pas de l’insipide école franco-française mais du « European Navigator », une gigantesque base de données multimédia (15.000 documents en stock) consacrée exclusivement à l’histoire de la construction européenne. Une belle initiative publique « made in Luxembourg ». Après quelques billets peu positifs à l’égard du Grand Duché, je ne peux que m’incliner cette fois-ci.

Je connaissais déjà bien ce site que je consulte à mes heures perdues. Je le recommande vivement à tous les fans d’histoire et d’UE. Niveau contenu, ce site est une sorte de Wikipédia, mais spécialisée dans les archives audio-vidéos de l’UE: des discours des pères fondateurs jusqu’aux mots d’humour de Jean Claude Juncker. Un must!

Et puis, au détour d’une visite sur Youtube, voilà que je tombe sur l’équivalent institutionnel: le service audiovisuel de la Commission Européenne. Après quelques clics, je vous livre mon avis. Le site nécessite de se logger pour visualiser les contenus. C’est dommage voire inutile quand le visionnage des mêmes vidéos officielles (ou presque) se fait en un clic sur Youtube ou sur ENA.lu. Sous le coup de la paresse, j’ai laissé tomber. D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir intégré Youtube directement sur le site?

Malgré leurs petits défauts, j’apprécie ces deux initiatives. Si j’avais des enfants, je saurais sur quel site web les laisser pour enrichir leur culture européenne. Un bel outil pédagogique pour tout parent, mais aussi pour les professeurs. J’aurais aimé avoir ce genre d’outil pour mes cours d’instruction civique.

Seul bémol, je ne peux m’empêcher de penser que tout cela satisfait les europhiles, dont je suis, mais quid de Mr tout le monde? Arrive-t-on sur ces sites comme on arrive sur une page Wikipédia au détour d’une banale session de surf? J’en doute fort et c’est pour moi le problème majeur de l’UE dans son inexistant programme de « formation continue », comprenez d’enseigner l’Europe aux adultes. Comment diriger le grand public vers ces pages à but pédagogique? Tel est devrait être l’enjeu central de l’UE.

Un eurodéputé, ça casse sa pipe ou ça démissionne!

Avec du retard sur mes camarades euroblogueurs, je me devais, à mon tour, de réserver un dernier hommage à Bronislaw Geremek, eurodéputé polonais, mais aussi et surtout membre fondateur du syndicat Solidarnosc qui aura redonné la liberté à la Pologne en la sortant de décennies de léthargie communiste. L’homme était honnête, dévoué à la cause européenne, comme trop peu d’eurodéputés aujourd’hui qui apprécient davantage la cantine du Parlement que l’idéal européen.

Plutôt que de paraphraser mes amis blogueurs, je m’autoriserai un détournement de citation d’un antieuropéen convaincu, j’ai nommé Jean Pierre Chevènement: « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne! »

Certains seront choqués par le titre de ce billet, c’est pourtant mon sentiment. Un eurodéputé ne devrait porter ce titre que s’il sert l’Europe de manière honnête et désintéressée pour lui même et/ou son pays d’origine. Où et qui sont ces derniers eurodéputés à siéger à Strasbourg avant tout pour leurs idées? Le meilleur représentant français, Jean Louis Bourlanges, a rendu les armes en début d’année, lassé de la bêtise de certains de ses collègues. Maintenant, c’est au tour de Geremek de nous laisser en plan, suite à un bête accident de voiture.

La vie est étrange parfois: il y a un an, ces deux mêmes hommes apparaissaient dans un même reportage TV, alors que les frères Kaczynski casse-bonbon étaient en pleine chasse aux anciens communistes et réclamaient des comptes à Geremek. Je ne referai pas l’histoire des jumeaux, c’est un autre débat.

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Le Parlement n’avait déjà que bien peu d’âme et de coeur à offrir. Que lui reste-t-il en perdant ces hommes de qualité? Heureusement qu’il nous reste encore Daniel Cohn Bendit qui, espérons le, répondra présent encore quelques bonnes années.

Pour un Parlement Européen uniquement à Strasbourg

One City.eu

Qui se souvient de la pétition lancée il y a quelqes temps et soutenue par Margot Wallström qui réclamait le siège unique du Parlement Européen à Bruxelles? Cette pétition a d’ailleurs dépassé le million de signatures depuis fort longtemps, dans l’attente qu’un jour, ce seuil critique soit considéré par la Commission Européenne, comme c’était prévu dans le défunt Traité Constitutionnel Européen…

La résistance s’organise enfin! Nous avons désormais le site One-City.eu ainsi que son groupe Facebook pour relayer un message clair: Strasbourg est la ville où siège le Parlement Européen. C’est écrit noir sur blanc dans les traités, c’est aussi un fait historique que malheureusement beaucoup de citoyens tendent à oublier. Il serait temps de réutiliser ce bâtiment à plein temps, et non plus 4 jours par mois! Temps aussi d’arrêter le gaspillage de temps et d’argent des vas-et-viens de nos eurodéputés entre Strasbourg et Bruxelles. Sans parler du 3ème siège du Parlement Européen de Luxembourg, aussi inutile que moche et qu’il ferait bon raser!

Bref, voilà une belle initiative, malheureusement soutenue principalement par des Strasbourgeois et une seule eurodéputée, Brigitte Fouré, qui n’est autre que la remplaçante de Jean-Louis Bourlanges. Ca pèse bien peu dans la balance. Il serait bon que les médias européens relayent le sujet et que la défense de Strasbourg ne soit plus l’apanage de quelques eurofédéralistes Alsaciens ou Allemands. Car telle est la réalité des choses aujourd’hui.