Ceux qui me connaissent savent à quel point je déteste par dessus tout deux dates du calendrier français: le 11 novembre et le 8 mai. J’avais d’ailleurs déjà écrit une tribune sur le Taurillon pour la suppression de cette dernière date.
Finalement, je me suis fait une raison et cela devrait même m’être égal puisque je n’habite plus en France. Et pourtant, ce soir, en tombant par hasard sur les infos françaises, je me rappelle que nous sommes le 11 novembre en voyant le Président Sarkozy sur la tombe du soldat inconnu, au pied de l’Arc de Triomphe.
Jusque là, une cérémonie et des images ennuyantes à mourir, comme tous les ans, depuis… beaucoup trop d’années! Sauf que là, le Président m’a agréablement surpris. Pour la première fois de l’histoire, le Président a prononcé quelques mots et pas des moindres puisqu’il a mentionné la construction européenne comme « un grand rêve de paix ».
Extrait: « En ce 11 novembre, nous ne rendons pas seulement l’hommage de la nation à tous les morts sur le champ de bataille (…) nous nous souvenons aussi que de tant de sang et de larmes est né un grand rêve de paix (…) Aujourd’hui, en nous souvenant, nous célébrons l’avenir, un avenir de paix et de fraternité entre les nations, un avenir de compréhension et de solidarité entre les peuples (…) Cet avenir, nous lui avons donné le nom d’Europe ».
Non, je ne rêve pas. Un Président Français qui, tout en fêtant les rancunes d’hier, évoque à haute voix l’avenir et l’espoir grâce à l’Union Européenne. A la bonne heure! Une décision apparemment prise avec le secrétaire d’Etat à la Défense chargé des anciens combattants, Alain Marleix, que de placer la cérémonie sous le signe de l’Europe, à un an de la présidence française de l’Union. Après la photo officielle à côté du drapeau européen, le Président français aura carrément repris 8 drapeaux européens aujourd’hui! Chapeau!
Quand on pense que ce « ministère des anciens combattants » n’est légitimé (pour combien de temps encore?) que par deux derniers poilus de cette première guerre mondiale (âgés de 109 et 110 ans) et que l’on « fêtera » les 90 ans de l’armistice en 2008, je me demande si la France ne fêtera pas dès l’année prochaine la mort de cette « fête » tellement festive!
Allez Nicolas, en 2008, année européenne de la France, il sera temps de supprimer le 11 novembre et le 8 mai pour instituer le 9 mai comme nouveau jour de fête nationale! On n’oublie pas son passé, on ne peut pas, surtout quand il est sombre comme le nôtre, mais on construit sur l’avenir et on le fête.