L’élection européenne est maintenant derrière nous, tout le monde a laissé ses petits commentaires, il ne reste plus qu’à attendre la rentrée parlementaire et la nomination de la nouvelle Commission… Durant ces trois dernières semaines, j’aurai attendu en vain une question, une seule : Pourquoi tant d’abstention ? 57% dans l’UE-27 avec quelques beaux records : 79% en Lituanie ou 80% en Slovaquie. Dans ces conditions, la « vieille » Europe n’a pas à rougir avec moins de 60% d’abstention. De quoi se donner bonne conscience pour autant ? Jusqu’à quand allons-nous tolérer cela ?
Comme si cette abstention massive était le dernier des soucis des partis. Ou alors comme si ce scrutin n’était qu’une étape vers un objectif de perfection : Abstention 100% grâce à la formule offensive ! Pas d’électeurs, pas de campagne, pas de candidats, pas d’Europe, pas de problème… Puisque le sujet semble ennuyer bon nombre de citoyens et de politiques (y compris parmi ceux élus à Strasbourg), ça ferait peut-être un problème de moins ! Dans tous les cas, à ce rythme, on finira bien par atteindre le seuil critique : vers les 75% (moyenne européenne hors Belgique & Luxembourg où le vote est obligatoire) en 2034 ?! Pour qu’enfin une prise de conscience s’opère ?
Lors de la soirée électorale sur Euronews, un journaliste a posé la question suivante: quel seuil d’abstention faudra-t-il atteindre avant d’imaginer un retour du parlement européen dans sa forme originelle, c’est à dire avec des membres non pas élus par le peuple, mais choisis par les Etats membres ? Question a priori provocante qui va à contre-sens de l’Histoire, mais qui pose bien la problématique de la démocratie européenne. A quoi bon investir dans une machinerie électorale aussi lourde si personne ne joue le jeu ? Un vrai paradoxe quand on lit les sondages d’opinion très favorables à la construction européenne.
Les référendums gâchés ces dernières années devraient pourtant nous alerter du fossé qui se creuse. On ne peut pas reprocher aux citoyens de se désintéresser du sujet quand les politiques ne font rien contre. Les bons mots ont déjà laissé place aux actes minables. En arrière-cuisine, les partis préparent déjà leurs plats pour s’assurer de jolis postes. Le (feu) Parti Socialiste Européen, réduit comme une peau de chagrin au parlement, aura bien raté sa campagne… mais peut-être pas son chef de délégation Martin Schulz en lice pour co-diriger le Parlement Européen contre quelques soutiens de ses amis pour Barroso II à la commission. Ami socialiste, tu as bien fait de voter rose, en fait tu obtiendras du bleu…
La France n’est pas en reste, toujours au top de la moralisation ! Oubliée la belle promesse de Sarkozy que tout élu UMP devra siéger à Strasbourg. Deux élus UMP ne s’y rendront pas en tout cas : Nora Berra (5ème sur la liste Sud est) et Brice Hortefeux (3ème sur la liste Centre). Du grand art ! Dans le dernier cas, on ne s’en plaindra pas ; un Hortefeux à Bruxelles est aussi crédible qu’un André Santini sans cigare ni petites phrases… On n’y croit pas une seconde. Cela étant dit, non Brice, on ne fait pas campagne juste « pour aider ». Si on n’est pas capable d’assumer sa candidature et/ou les règles énoncées à haute voix par son chef, mieux vaut songer à une reconversion ! Et je vois bien la liste s’allonger… Dans deux ans, tout le monde aura oublié la promesse de Sarkozy. Certes, l’Europe ne perd pas au change sans Hortefeux. Mais quelle attitude minable et irrespectueuse envers les quelques électeurs UMP ! Papy Chirac avait raison : les promesses n’engagent que ceux qui les recoivent. L’Europe sociale, l’Europe des peuples, l’Europe qui peut quand elle veut : vous y avez vraiment cru ? C’était bien au programme, mais il fallait lire l’astérisque en bas de page : ce sera pour pour les autres et pas maintenant…
Prochaine élection en 2014. Serait-ce trop demander que d’avoir uniquement des candidats non-cumulards, non-opportunistes, qui parlent d’Europe tous les jours (comme Cohn-Bendit) et surtout de ne plus voir ces acteurs franco-français parler d’un sujet qu’ils ne connaissent pas et qui ne les intéresse pas ?
Attention aux confusions entre le groupe socialiste au Parlement européen et le Parti socialiste européen, ce n’est pas la même chose! Le parti socialiste européen ne s’est pas dissout! Il est même le parti européen le plus développé qui soit. Le groupe des députés socialistes du Parlement européen ont décidé de changer de nom en effet: ils s’appelaient le groupe des socialistes au parlement européen (et nom le PSE comme on entend souvent), et maintenant ils s’appellent l’alliance progressiste des socialistes et démocrates. Mais cela n’a aucune connexion ni aucun impact sur le parti socialiste européen.
pour preuve: http://www.pes.org
Attention à ne pas confondre le parti socialiste européen avec le groupe des socialistes au parlement européen! Ce n’est pas la même chose. Le groupe des députés socialistes au parlement européen a effectivement changer de nom, pour intégrer les députés du Partito democratico italien. Mais cela ne change rien à l’appelation du parti socialiste européen, qui continue à vivre et reste le parti européen le plus développé qui soit!