Peut-on encore être pro-européen et pro-UMP?

Après quelques jours de pause, je remets une petite couche à l’article du Taurillon « Sarkozy est-il germanophobe?« .

Jusque là je lisais quelques blogs de militants UMPistes avec sympathie, souvent même avec un sourire en coin. Il faut avoir une certaine dose d’insolence pour oser affirmer haut et fort que le candidat UMP, sur le seul sujet européen, vaut bien mieux que Ségolène Royal ou François Bayrou. Retrospectivement, l’UMP ou ses partis ancêtres peuvent en effet compter sur de magnifiques spécimens pro-européens dont je cherche encore la trace. Au contraire des deux autres. Soit dit en passant…

Concernant le projet européen: entre les contradictions de l’UMP, le programme Tetra Pak du PS et l’honnêteté dérangeante de l’UDF dont le leader, certes moins charismatique, est en tout cas le seul pour l’instant à parler des problèmes de la France avec un oeil sur l’Europe, je me demande encore si certains blogueurs UMPistes n’exagèrent pas un peu! Car le candidat Sarkozy semble suivre la même voie que ses prédécesseurs. Surtout ne pas faire ce qu’on dit et bien insister sur des détails lourds pour masquer ses virevoltes. A ce propos, je m’étonne toujours autant que les médias traditionnels français et allemands n’aient pas davantage repris le discours de Sarkozy à Caen où celui-ci dit aux Français qu’ils n’ont pas à expier les fautes de leurs pères car en France, « on n’a pas inventé la solution finale »… Sous-entendu, pas comme ces vilains Allemands!

Malgré son énormité, ce disours peine à passer à la télé. Mais le vieux briscard ne se débine pas! Il persiste et signe avec la même rengaine anti-allemande à Nice et à Lyon

Il est vrai que l’histoire de France est d’un blanc pur. On n’y a jamais rien commis de mal. Certes, il y eut bien quelques milliers de juifs déportés lors d’une certaine collaboration ou encore quelques massacres en Algérie, etc, etc… Mais vraiment pas de quoi se repentir. Mais alors pourquoi donc le demander indirectement aux Allemands? Monsieur Sarkozy qui se dit ami avec Angela Merkel ferait d’ailleurs bien de lui faire son petit numéro de professeur d’histoire… La chancelière apprécierait.

En lisant Pierre et d’autres UMPistes soutenir à contre-coeur (ou pas) le candidat Sarkozy, je me demande bien jusqu’où l’on peut renier ses opinions européennes? Le pro-européen UMPiste, après de telles énormités, doit-il fermer sa gueule ou démissionner? Peut-il encore longtemps se pavaner devant un beau discours annuel de Mr Sarkozy pour mieux esquiver la série de mensonges et de dérapages verbaux qui suivent ce premier discours annulé entre temps?

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Amis UMP, un bonheur n’arrivant jamais seul, je viens d’apprendre par un autre blog que le livre de l’ami Nico vient d’être traduit en italien. Une preuve de plus que Sarkozy est un Européen convaincu. Un beau travail par ailleurs aimablement préfacé par un certain Gianfranco Fini, un homme politique aux idées bien tranchées, notamment connu pour avoir dit: « Mussolini a été le plus grand homme d’Etat du siècle ». Tout un programme!

Finalement, l’UMP ne devrait-elle pas commencer à assumer ses penchants anti-européens? Elle aurait certainement mieux fait de ne pas expulser le souverainiste Nicolas Dupont Aignan mais plutôt ses derniers militants qui se disent pro-européens.

« La France n’a pas de leçon à recevoir de ce point de vue ». Tout le monde sait que la France a une histoire à valeur d’exemple. Ironie de l’histoire: heureusement que le candidat UMP ne parle pas allemand, il prendrait alors peur en apprenant que ses initiales, NS, sont l’abbréviation du mot « nazisme »… Tout cela me bien fait froid dans le dos. 🙁

9 réflexions sur « Peut-on encore être pro-européen et pro-UMP? »

  1. Bien vu,

    Serais curieux ce que les ‘specimen’ (et speciwomen) UMP europeens pensent de cette histoire (Lamassoure/Barnier par ex.) Faudrait penser a leur demander.

    En passant, a part Pierre, tu en connais beaucoup des UMPistes qui soutiennent « a contre coeur » NS? C’est pas par ici en tous les cas: http://thomas.mimra.blogpremium.com/

    Sur Bayrou, on peut quand meme regretter que le grand leader ne dise pas grand chose. Ou plutot, difficile d’etre en desaccord avec ce que Bayrou dit (c’est tellement vague).

    Enfin bref, bien vu la trad en Allemand, j’ai tente de mettre la video sur mon blog mais ca deconne, du coup, je me contente du lien.

    Par contre, ta derniere phrase sur NS/National Socalisme, c’est un poil facile. Je veux dire, on risque d’atteindre le point Godwin tres vite.

  2. Les pro-européens socialistes sont bien restés au PS malgrés l’indulgence coupable dont la direction du parti a fait preuve envers le traitre Fabius, l’alliance actuelle avec le nationaliste Chevénement et les pitreries de Marianne-Ségolène avec ses ateliers de couture de drapeau : il faut bien en effet qu’il y ait des pro-européens dans ces partis pour que l’on y retrouve pas que des imbéciles. Ensuite dans l’isoloir on fait ce qu’on veut.

  3. @ Thomas.
    Je n’ai encore entendu aucune prise de position des « spécimen de luxe ». Mais ils doivent se demander si leur chef n’a pas dépassé les limites.. Profil bas! Quant aux militants blogueurs, je t’invite à (re)lire le premier commentaire laissé sur le billet http://www.puisney.eu/elections-2009-leurope-a-la-tele, l’auteur a laissé un lien vers son blog.. Du reste, je ne vais pas faire un catalogue, mais j’en ai croisé quelques-uns dans ce sens.

    Pour Bayrou, il est fort regretable qu’il ait mis beaucoup d’eau française dans son vin européen pour éviter de déplaire aux Français qui ont encore peur de l’Europe et imiter ses concurrents qui évitent délibérément le sujet qui fâche.

    La dernière phrase est gratuite et conne (je l’ai d’ailleurs barrée) comme la citation incriminée de Sarkozy.

    @Valery
    La situation européenne au PS n’est guère flamboyante non plus, mais en tant qu’observateur je préfère à défaut de mieux les propos anti-européens primaires du Ché plutôt que la « nausée » verbale de Sarkozy pour reprendre le titre de Quatremer. Après, en l’état actuel des choses, heureusement effectivement que d’irréductibles fédéralistes européens remontent le niveau des partis.

  4. Avec un peu de recul et de distance, je me demandais juste s’il était vraiment très habile de notre part de monter ainsi en épingle (d’artificiellement surinterpréter ?!) des propos il est vrai extrémement maladroits et sans doute assez crétins (mais dont l’interprétation est, pour le moins, à géométrie variable…). Mais de là à dire que Sarko est profondément anti-allemand, faut sans doute pas non plus exagérer…

    Je pense plutôt que Sarko – en bon libéral – s’adapte parfaitement au marché électoral et nous ressert aujourd’hui la soupe populiste de la  »fierté patriotique mal placée » un peu à tous propos (parce que c’est à la mode…). Mais de là à en déduire de sa part des tendances intellectuelles de fond ou quelque orientation (voire projet) politique pour le pays…

    Personnellement, je n’ai absolument aucune envie de voter pour Nicolas Sarkozy (absolument aucune), mais bon, pas besoin d’une telle polémique et d’un tel  »buzz » pour en être arrivé là : bref, faut sans doute aussi raison garder (pour une fois…). Pour le reste, je ne suis vraiment pas sûr qu’une telle polémique serve vraiment la cause de l’Europe, ni de l’amitié franco-allemande…

  5. C’est à cause de ces débats infinis que Nouvelle Europe a fait le choix de ne pas s’occuper de politique française… Expliquer et convaincre en même temps est une opération périlleuse qui permet de ne faire correctement ni l’un, ni l’autre…
    Mais chacun sa méthode …

  6. Que pensez-vous d’un nouvel article, plus heureux cette fois-ci, comme p.ex. autour du sujet suivant http://www.eu50.eu/ ?
    je suis d’avis qu’entre les deux tours, ca nous ferait du bien….
    Au remail,
    Beate

  7. Je suis assez d’accord. Sarkozy peut se déclarer pro-européen, le projet de l’UMP en la matière est insignifiant. En vérité, à l’UMP, les pro-européens, c’est à dire les plus chauds partisans d’une Europe politique à caractère fédéral, se comptent sur les doigts de la main. Le 14 janvier, j’étais Porte de Versailles et je recherchais au sein de ce parti des jeunes partageant mes convictions fédéralistes : je me suis entendu répondre que « personne n’est comme ça, c’est clair ! »…
    Plus généralement, la droite s’est souvent montrée timorée sur les questions europénnes, longtemps gouvernée par des européens de raison dans le style de Jacques Chirac -qui, en 1978, lance le fameux appel de Cochin, rédigé par M-F Garaud, pamphlet antieuropéen qui reste une référence. Sarkozy changera-t-il les choses ? Je crains que non, puisqu’il fera comme tous les autres. Il sera le complice d’une Europe qui se construira à l’unique discrétion des gouvernants européens, peu soucieux de la répresentation nationale et de l’enjeu d’une éducation nationale sur ce projet exceptionnel…

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