En cette journée internationale de la Femme, il me semblait intéressant d’écrire une petite note sur la parité hommes-femmes en Europe. A commencer par les femmes en politique.
Touteleurope a réalisé une jolie synthèse à ce sujet. Je citerai néanmoins ces quelques autres chiffres.
Une étude du Conseil de l’Europe précise que le pourcentage moyen de femmes ministres dans les 42 pays étudiés est de 28,6% tandis que celui des femmes siégeant dans les parlements nationaux ne s’élève qu’à 21,7%.
Sans surprise, l’Europe du Nord est à la pointe en matière de parité, en particulier la Finlande, dirigée par une présidente et un gouvernement composé de 12 femmes sur 20 ministres! Soit 2/27 chefs d’Etat si l’on ajoute la chancelière allemande…
La parité fait pourtant son chemin, aidée souvent par des législations contraignantes, comme c’est le cas sur les listes européennes. Malgré cela, sur les 785 députés européens élus en 2004, on ne dénombre que 245 femmes. Un écart qui s’explique certainement en partie par la constitution des listes qui aiment à placer l’homme avant la femme…
Les femmes en entreprise
Côté entreprises, la situation n’est guère mieux. Une étude récente faite par McKinsey sur base de chiffres Eurostat fait le point et nous rappelle que les femmes apportent une meilleure ambiance de travail et une meilleure productivité. Malgré cela, en 2007, elles gagnaient 17% de moins que les hommes (dans l’UE 27) à travail comparable. Autre inégalité: 1/3 des femmes travaillent à temps partiel contre 7% des hommes. Enfin, les femmes ne représentent que 11% des comités exécutifs (des 50 plus grosses entreprises nationales) avec des disparités énormes : 1% au Luxembourg contre 32 en Norvège!
Des chiffres surprenants si l’on s’arrête aux statistiques universitaires. Plus de la moitié des étudiants européens sont en effet des femmes. Rien qu’en Espagne, en 2005, 61% des diplômés master étaient des femmes ! Malgré cela, l’étude estime que seulement 8% des membres des comités exécutifs espagnols seront des femmes à l’horizon 2035. Des chiffres qui se confirment dans le reste de l’UE et qui devraient sérieusement nous préoccuper… On estime en effet à 24 millions le manque de main d’oeuvre qualifiée d’ici 2040. Un chiffre qui pourrait tomber à 3 millions si l’on applique d’ici là des mesures en faveur de l’emploi et de la promotion des femmes en entreprise.
Faut-il en arriver à des quotas? Citons l’exemple tout frais de 5 entreprises d’informatique et télécom (Alcatel-Lucent, Imec, Microsoft, Motorol et Orange) qui ont lancé mardi dernier à Bruxelles une charte de l’emploi qui vise à attirer des profils féminins dans leurs métiers plutôt « masculins » en investissant dans les filières d’enseignement, mais aussi en s’adaptant au rythme de celles qui concilient vie de famille et travail. Mieux encore, la charte invoque la discrimination positive à l’embauche si la législation nationale le permet. Une solution peut-être un peu radicale, mais qui, elle seule, peut corriger rapidement et efficacement un réel problème : d’ici à 2010, l’UE manquera de 300 000 ingénieurs qualifiés. Et quand on sait que 1/5 informaticien est une femme, on imagine la marge de progression. Comme en politique, il faudra peut-être en venir à des quotas et des incitations fortes pour insuffler les changements de mentalité ?!
Le salut viendra-t-il de la crise ? Michel Ferrary, professeur de Ressources Humaines au Ceram, a mené une étude intitulée « CAC 40 : Les entreprises féminisées résistent-elles mieux à la crise boursière ? » entre janvier et octobre 2008. Le résultat : Après analyse de la situation financière des sociétés du CAC 40, de la répartition de leurs salariés hommes / femmes ainsi que du pourcentage de femmes cadres, une corrélation semble exister : Les entreprises ayant le plus de femmes cadres ont mieux résisté à la chute généralisée des cours de bourse. Des résultats par ailleurs confirmés par l’études McKinsey citée plus haut…
L’Europe et l’image de la femme dans le monde
S’il reste encore beaucoup à faire chez nous, il est encore des pays où la femme n’a guère de droits, hormis celui de se taire. Dans le cadre d’EuropeAid, le programme européen de coopération extérieure, l’UE a lancé il y a 3 ans « un concours international de dessin sur le thème de l’égalité femme/homme, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars 2009. Le but de ce concours est de donner la parole aux enfants, futurs adultes, afin qu’ils puissent exprimer leur vision de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le jury sera composé d’enfants venant des 27 Etats membres de l’Union européenne, et une exposition sera organisée en novembre 2009, à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes. »
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Bref, la parité, on en parle beaucoup, l’UE fait son travail de sensibilisation, mais l’essentiel du travail revient à nous autres hommes, qui avons tout intérêt à faire de la place aux femmes en politique comme en entreprise. Les chiffres sont maintenant là pour le prouver, s’il en était besoin, et finiront bien, espérons le, par venir à bout des derniers irréductibles machistes.
Crédit illustrations: Dessin de Rinlada Samretpol et graphique issu de l’étude McKinsey