A 3 mois des élections européennes, acteurs et commentateurs commencent à s’activer, en particulier cette semaine où l’on a pu découvrir les listes de candidats français quasi finalisées (cf. tableau Euractiv). Et comme je parlais la semaine passée des girouettes, en voici la couleur! Je déclare officiellement le bal des girouettes ouvert! 2009 sera un grand cru ou ne sera pas!
Au PS, dansent les girouettes
Incontestablement, la palme de la « girouettatitude » revient au PS. Entre coups bas et petits calculs entre amis… Je passerai les détails – je vous recommande la note d’Eurojunkie à ce sujet – pour m’attarder sur le seul cas Vincent Peillon, figure européenne emblématique, s’il en est.
Dimanche dernier, il déplorait sa mutation dans le sud-est imposée « contre [son] plein gré » (alors qu’il a fait toute sa carrière politique en Picardie). Le lendemain, le même Vincent: « Le Sud-Est est la seule région où je souhaitais et où j’ai accepté d’aller ». Un retournement de veste grand-guignolesque digne d’un Jacques Chirac!
Certains analysent cela comme une punition masquée. Peillon a été mauvais lors de son précédent mandat – 2 rapports, 1 question, 0 pointé – mais se voit offrir une « voie de garage » honorable grâce au soutien de quelques amis et à la magie de la parité des motions du PS. Peillon n’en a rien à faire de l’Europe, c’est d’autant plus clair qu’il a tenté de retourner en douce à l’Assemblée nationale lors des dernières législatives de 2007.
Peillon a échoué, dont acte. Dans ce cas, soit on lui donne une seconde chance (chez lui), dans un élan d’extrême charité chrétienne, et avec obligation de résultats, soit on ne le reconduit pas à Strasbourg! Mais le délocaliser est un non-sens complet pour ses électeurs anciens (fidèles) et futurs (perplexes). Car on vote pour un homme et un parti. En retournant sa veste, Peillon est passé, à juste titre, pour l’idiot du web pendant plusieurs jours. Pourtant, le véritable crétin dans l’histoire, c’est la direction du PS!
Kinder surprise et rempotage à l’UMP
Sarkozy Raffarin Devedjian Bertrand La direction de l’UMP n’est pas en reste dans son choix des candidats. On croirait assister à une grosse session de jardinage… avec quelques surprises.
> Surprise nr 1 (Kinder Surprise politique de l’année!) : La nomination de Rachida Dati
Sans jamais avoir rien prononcé sur l’Europe, Rachida se retrouve projetée nr 2 sur la liste d’Ile de France, soit-disant promue par l’UMP… qui voulait surtout la sortir du gouvernement. En plaçant une amatrice en haut du panier, c’est sûr, l’UMP va redorer son blason européen! Au moins, on n’accusera pas Rachida de dire des bêtises, vu son CV européen, on peut déjà anticiper d’un futur lourd bilan de parlementaire avec au moins 1 rapport et 1 prise de parole. Je mets ma main à couper qu’elle ouvrira son blog, comme ses petits copains, qu’elle laissera gentiment pourrir durant son mandat placard.
> Surprise nr 2: Michel Barnier tête de liste en Ile de France
Le soldat Barnier est un homme honnête et dévoué en matière d’Europe. Mais que vient-il faire sur Paris, lui qui a toujours servi la région Savoie? J’aimerais bien qu’il apporte sa réponse dans les commentaires, mais je ne me fais guère d’illusions. L’UMP est-elle à ce point en manque de bons candidats parisiens? Comme le résume un ami alsacien, vu de Paris, l’Europe s’arrête à Marne la Vallée. C’est peut-être pour cela qu’elle va chercher un provincial? Michel méritait tout de même mieux que ce rôle de bouche trou de luxe!
> Surprise nr 3: Alain Lamassoure rétrogradé
Avec Barnier, il est l’Européen le plus dévoué à l’UMP. Actif au Parlement, il a oeuvré discrètement et efficacement pour relancer l’UE au lendemain du référendum avorté. Sarkozy peut lui dire merci. Lamassoure aurait du être nr 1 sur la liste sud-ouest, il sera finalement nr 3. Merci le copinage et la parité hommes-femmes! Heureusement que Sarkozy disait vouloir envoyer les meilleurs à Bruxelles…
Sortir de cette médiocrité!
On parle de crise économique mondiale et d’actifs toxiques. On décline les « Grenelle » de tout et n’importe quoi pour lancer des changements en profondeur. La politique européenne à la française me semble elle aussi sérieusement atteinte et riche en éléments toxiques pour la démocratie. Pour surfer sur la vague, je pose la question: « à quand un Grenelle du Bruxelles? » Les partis français auraient bien besoin d’une prise de conscience et d’une charte d’honnêteté intellectuelle.
Peut-être un début de sursaut? Pascal Lamy qui soutient malgré tout Peillon? Gérard Collomb (PS) vient de faire un appel sur son blog: « Les élections européennes : une chance pour la démocratie dans le Parti » où il dénonce les manigances de son parti. Alain Juppé (UMP), quant à lui, n’est « pas content du tout de ce qui se prépare dans la grande circonscription du Sud-Ouest« . La politique à papa a vécu. Arrêtons de faire croire qu’un homme politique est une plante qu’on dépote à un endroit, qu’on rempote à un autre! Cette attitude est méprisante pour les élus, pour les électeurs et pour la démocratie.
Un premier pas positif a été fait par l’UMP et le PS qui ont promis que leurs députés élus iront au terme de leur mandat = exit la tradition du retour à Paris avant terme… Moscovici & co, suivez mon regard… La fin annoncée des girouettes? C’est bien connu en politique, les promesses n’engagent que ceux qui les recoivent. On fera les comptes d’ici là.
Reste la question essentielle: quand les partis français comprendront-ils enfin qu’il faut envoyer à Bruxelles des spécialistes dévoués (et fidèles à leur région) et qu’ils doivent cesser de prendre leurs élus pour des plantes (qui ne se feront pas prier non plus pour un peu d’amour électoral et d’eau fraîche)?