Le 9 avril prochain auront lieu les élections législatives en Italie. Ce sera l’occasion d’un match au sommet entre l’actuel Président du Conseil, Silvio Berlusconi et l’ancien Président de la Commission Européenne, Romano Prodi.
L’occasion d’une belle leçon de démocratie. Prodi s’est imposé à l’issue de primaires entre partis allant du centre au parti communiste, une première en Italie. L’idée a d’ailleurs fait son chemin en France; l’UMP et le PS comptant en faire de même pour 2007. L’occasion d’une (belle?) leçon de marketing politique par Berlusconi, le médiatiquement omnipotent entrepreneur milliardaire reconverti en politique.
Silvio, le « brasseur d’air », on connaît. « Il Cavaliere » aime jouer des mots et séduire au sens large. Après avoir séduit les centristes il y a 5 ans pour fonder la coalition « La maison des libertés », le voilà pactisant avec « L’alternative sociale », le parti d’Alessandra Mussolini, la petite fille du Duce en février dernier. Silvio, facho? Non, dirait-il, juste opportuniste. Non content de sa lune de miel neo-fasciste, Silvio se vantera en plus d’être en tête des sondages… américains (institut PSB), car donné perdant dans tous les sondages italiens! Peut-être espère t-il un phénomène de suivisme où les derniers indécis votent pour le gagnant annoncé?
La vie politique de Silvio n’est pas de tout repos. « Mussolini n’a jamais tué personne! Tout au plus, il se contentait d’envoyer des opposants en vacances… » répondait-il à l’hebdomadaire britannique The Spectator en septembre 2003. Le milliardaire s’est assagi depuis. Juste un petit malentendu avec la Chine communiste qui faisait « bouillir les nouveaux-nés » pour en faire de l’engrais au temps de Mao. Juste quelques incompréhensions avec la justice qui harcèle le « pauvre » Silvio sous couvert de complot communiste.
Un point positif est tout de même à souligner dans cette histoire: Berlusconi prouve qu’au délà des nations, l’Europe a réussi le pari de fédérer des partis, des idéologies, des rhétoriques communes sans dictature! Ainsi, à l’instar de notre Jean-Marie Le Pen national, Mr Berlusconi semble friand des valeurs « famille et patrie », mais aussi bizarrement atteint d’une paranoïa chronique. Il voit des communistes partout! Il est temps d’aller voir un docteur, Silvio!
L’homme qui sort autant de conneries en une heure que son âge a un passif de plus en plus lourd. Déjà trop pour ses alliés (pour combien de temps encore?) centristes de l’UDC sur le point de claquer la porte. Mais qu’attendent-ils pour le faire? Apparemment pas encore assez pour d’autres qui ont peut-être oublié de chausser leurs lunettes ou d’activer leurs prothèses auditives.
Le persécuté des médias vient en effet de recevoir un miraculeux soutien du Parti Populaire Européen, ou devrais-je dire du groupe PPE-DE, qui tenait son 17ème congrès à Rome, du 29 au 31 mars.
Et dire que Le PPE, le plus influent parti européen, d’où est issu Jose Manuel Barroso, regroupait à l’origine la social-démocratie européenne (les pères fondateurs); aujourd’hui, cette même mouvance + les eurosceptiques conservateurs danois et britanniques… C’est sûr, le PPE n’est plus ce qu’il était. Dans ces conditions, doit-on s’étonner du soutien du président du groupe, Hans Gert Poettering, ainsi que de la chancelière Angela Merkel, pourtant démocrate et pas spécialement ouverte sur les théories extrêmistes?
Doit-on s’étonner d’un soutien envers un homme qui, en plus de fricasser avec les neo-fascistes, se paye le luxe de déclarer vouloir une Europe à la hauteur des Etats-Unis tout en critiquant l’euro devant ses collègues européens?
Car le PPE n’en est pas à sa première berlusconnerie. La première a été d’accueillir, dans les années 1990, les Démocrates Européens alias conservateurs britanniques & co, farouches opposants à l’Union Européenne et à toute idée de fédéralisme. Le PPE devenant alors membre du groupe PPE-DE, alliance aussi improbable qu’une gastronomie britannique.
Le PPE ne cessera de renoncer à son identité. En 2001, sous la pression de Jacques Chirac, il effacera de ses statuts toute référence à la volonté de créer les « Etats-Unis d’Europe ». Plus vraiment étonnant…
Peu avant le congrès de la semaine dernière, Martin Schulz, le président du PSE, traité de « Kapo » en 2003 par Berlusconi, a eu beau envoyer une lettre aux dirigeants du PPE pour demander un boycott du Cavaliere, le PPE a affiché un soutien sans faille. Encore mieux! Wilfried Martens, le président du PPE, s’est dit indigné par la lettre de l’eurodéputé.
Car il y a lieu d’être indigné, non pas par cette missive, mais devant la bêtise berlusconienne, ce soutien direct et indirect de l’extrême droite en Europe et le reniement du PPE de son projet politique.
En politique comme en amour, deux préceptes valent, ou en tout cas, devraient faire figure de règles:
- Mieux vaut être seul que mal accompagné.
- Les histoires d’A- finissent mal, en général.
L’idylle de Berlusconi avec le patronnat italien est consommée. Celle avec l’Italie en prend le chemin, croisons les doigts. En tout cas, un proverbe prévaut sur les 2 premiers et justifie l’attitude de Silvio: « Qui se ressemble s’assemble ». La love-story de Berlusconi avec l’extrême droite ne fait que commencer…
Quant au PPE, quand aura-t-il enfin le courage de renvoyer ses partis anti-européens et berlusconiens auprès des autres partis europhobes et nationalistes?
J’ai eu, dès la Chute du Mur de Berlin, dès 1989, une grave prémonition au sujet du fascisme qui s’installe en france – fascisme où l’on aura plus besoin de maître, car en nous-mêmes nous intégrons maître et esclaves, deux frères bessons qui nous habitent. La force de cette auto-flagellation provient du leitmotiv savamment cultivé par les médias, les bavards et leurs serviteurs, et les renforcateurs de la peur de la mondialisation. De cette prémonition j’ai écrit tout un roman, dans lequel j’ai fait un voyage au Trou du Langage. Ce voyage, je l’ai fait après la Chute du Mur de Berlin. Mais qu’avez-vous fait vous-mêmes depuis, cher Lecteur?
Le putsch constitutionnel de Chirac d’infirmer de son propre chef une loi qu’il promulgue est un acte totalitaire à l’image de tous les autres dictateurs. Berlusconi, c’est du Verdi. Mais plus grave, le fait que timidement Bayrou ou Giscard, mais surtout pas le peuple et leur multiples médias, ne se soulèvent pas, montre bien que nous entrons dans l’ère du fascisme moderne, fascisme où le sniper est mort et où le hedger guette (et empoche, car le but de la « politique » n’est pas de consommer l’art de vivre ensemble, mais de transférer des richesses).
L’heure est très grave. Peut-être Berlusconi n’est qu’un servant de messe, peut-être que la messe est déjà dite?
Le matraking politique des plus étudiés et des plus exploités, avec mainmise totale de Berlusconi sur tous les modes plurimédiaux que peut offrir le paysage audio-visuel italien, avec les viols graves de la loi électorale qui impose un délai de silence avant le jour des urnes, a montré en Italie sont aspect intrinsèquement moribond. Il ne sert à rien de patrociner, il faut parler à point. Et justement le professeur Prodi, l’austère, le presque protestant, le maladroit dans les médias a dégommé le paillasse. Peut-être comme en France, la politique des arrogants et des dédaigneux, de ceux qui ne s’occupent qu’à faire des transferts de richesses d’une tranche de population à une autre au lieu de travailler à les faire vivre ensemble, peut-être que ce genre de politique se termine. J’espère qu’en ce même jour la France et l’Italie ont accédé à un degré supérieur de la conscience politique, celle qui s’offre par un accés personnel à la réflexion et à l’expression de ses attentes sociétales et personnelles. Il faudrait faire un référendum sur le système constitutionnel au 21ème siècle! Maintenant que nous savons que les projets de société font débattre en famille. La France aussi a arrêté de se bavarder, elle a débattu dans les chaumières depuis plus d’un an, puis dans la rue. Je crois à une renaissance de la politique. Les d’jeuns, eux, déjà, savent que l’on ne peut plus dire « qu’ils font de toute façon ce qu’ils veulent ». Ouf, je me sentais vraiment seul depuis presque 20 ans à croire en l’homme politique. Je suis l’Ôde pour l’homme invisible (Pablo Neruda). Et le plus drôle, c’est qu’un juge avec un mandat attend devant la conciergerie des palais présidentiaux.
Nous assistons avec la déclamation à l’italienne des résultats électoraux aux fruits du matraking politique et de leurs serviteurs, les instituts de sondage, les plurimédias et les bavards des ondes. Je suis tombé dans ce piège hier après-midi comme tout le monde, mais un écart de 10% semblait couvrir de très loin la marge normale de ce genre de statistiques.
Mais mes deux billets ci-dessus sont-ils si faux? Le premier me semble plus prémonitoire dans sa conclusion. J’avais oublié que Berlusconi sait aussi comme en France arranger les circonscriptions et la constitution. De plus la « préparation » des sondages est aussi une chose connue en France. Il faudra que je lise de nouveau plus souvent La Tribune de Genève ou la Franfurter Allgemeine Zeitung.
La santé mentale d’un peuple finit toujours par évacuer une décennie à la berlusse de matraking politique dans laquelle tous les médias publics et privés ne se trouvent qu’entre les mains d’un seul homme. Le système de pensée-unique d’avant la chute du Mur de Berlin, et pour les pays de « l’ouest » qui a encore cours 20 ans après la Chute du Mur de Berlin, semble toucher à sa fin. La dernière pensée unique courante construite pour servir la globalisation galopante qui ne remplit que le porte-monnaie des acteurs hedgeurs et donc pour enliser le peuple dans une peur et une soumission à toute dérégulation et précarisation, cette dernière pensée unique va aussi s’écrouler. Bush-père disait en 89 au Congrès lors du Discours sur l’état de l’Union (USA) « we won the cold war ». Que m’étais-je gaussé en n’entendant que tout ceci; l’hémisphère riche n’avait rien gagné du tout, « Micha » était juste mort en face du block des riches. Nous croyons ainsi alors récolter « les dividendes de la paix », mais surtout d’un système économique déprédateur, nous avons violement enfoncé l’humanité dans une course à la croissance sans réponse sociétale. Le peuple, depuis les débats préalables au référendum du 29 mai 05 pour la France par exemple, s’est mis à réfléchir sur la société dans laquelle il veut vivre. Enarques et médias, mais aussi les quadras, qui ne pensent qu’à dégommer, mus par un oedipe d’éclusier, les septas, n’ont qu’à bien se tenir à présent, leur règne se termine. Es ist vollbracht (Mattheus Passion, JS Bach).
Un commentateur a parlé sur FR-Info du « marketing de la guerre civile » de la part de monsieur berlusse. Avez-vous remarqué? Le pagliaccio pose de plus en plus comme le duce sur les photos. Je crois que la défaite fait même fondre les injections d’hormone et de sang de brebis gravide! Il existe de nouveau des photographes qui font passer clandestinement des photos naturelles!