Quelques jours ont passé depuis mon dernier billet. Où je m’interrogeais sur les conséquences en espérant que cette crise soit salutaire.
L’Euro est l’une des plus belles avancées de notre histoire européenne. La plus belle si seulement on avait mis en place dès le début un gouvernement économique fédéral qui travaillerait en accord avec la Banque Centrale Européenne. Car en signant le traité de Maastricht qui instituait l’Euro comme monnaie unique, on a mis la charrue avant les bœufs!
Le simple fait de réunir les 15 membres de l’Eurogroupe dimanche dernier fut une grande première qu’on ne peut que saluer. Le seul accord entre Français, Allemands et Anglais relevant auparavant de l’utopie. Apparemment, l’initiative française semble porter ses fruits, les cours mondiaux ont relevé la tête. 11,8% de hausse – record historique – rien qu’à la bourse de Paris dès le lendemain de l’annonce!
L’essentiel est là, l’avenir de nos banques semble assuré. Et ensuite?
Ce plan Paulson européen va nous coûter très très cher : environ 1700 milliards d’euros pour recapitaliser partiellement ou entièrement les banques en difficulté. Ça fait combien d’affaires Kerviel tout ça?
Ce qui signifie un gel des critères de Maastricht pendant quelques années (on annonce fin 2009, mais je n’y crois guère). Après tout, tout le monde s’en fiche depuis un bail, Français et Allemands en tête alors même que ceux-ci les avaient pensés avant tout pour les Italiens, mauvais gestionnaires… Au final, bons ou mauvais gestionnaires, tout le monde a enfreint le pacte de stabilité et personne n’aura été puni comme le traité le prévoit…
Ce qui est plus préoccupant encore, c’est le mode de distribution de cet argent frais. Puisque les règles du jeu (cf. Maastricht) n’existent provisoirement plus, chaque Etat est libre de donner ce qu’il veut à qui il veut pour garantir un bon fonctionnement interbancaire. Et si un Etat présente ainsi plus de garanties qu’un autre, où une entreprise ira-t-elle spontanément investir? Cela n’est pas sans rappeler les politiques fiscales agressives de l’Irlande ou du Luxembourg qui, sans cela, n’auraient sûrement jamais attiré autant d’entreprises…
Autre question plus concrète: à qui chaque État donnera-t-il ses sous? Ou plutôt, quelle banque viendra demander de l’aide sa part du nouveau gâteau? A priori seulement celles en difficulté. Et si les banques concurrentes des pays voisins, pas forcément en difficulté, profitent de cette générosité subite pour gonfler leurs finances, que se passe-t-il? En gros, qu’advient-il de ce système (de retour à la confiance + recapitalisation) si quelqu’un triche?
L’Irlande avait ouvert le bal avec son plan de garantie de 400 milliards d’euros pour renflouer les comptes/dettes de six grands instituts financiers du pays. Une mesure perçue comme discriminatoire à l’égard d’autres banques européennes, avant d’être acceptée par la Commissaire européenne et son experte ès Concurrence, Neelie Kroes. Une mesure finalement acceptée par l’Allemagne qui en a fait de même dans la foulée… La boucle est bouclée! Car avec tout cet argent promis, tous les pays de l’UE, un par un, s’empressent de rempailler les bas de laine de leurs banques nationales. La solidarité européenne est toute relative.
La bourse semble remonter, les prêts interbancaires/à la consommation devraient redémarrer rapidement. Attendons cependant de voir un sommet mondial pour voir définies de nouvelles règles, seul gage de stabilité à long terme.
Pour le reste, j’ai peur qu’une fois cette crise oubliée du grand public des boursicoteurs, le projet de gouvernement économique européen et d’harmonisation fiscale ne redevienne qu’un simple rêve… Chassez le naturel, il revient au galop: même en période de crise grave, on n’a pas fini d’entendre parler de parachutes dorés ou de frais de bouche exorbitants…
Un début de réponse après le sommet européen du 15 et 16 octobre? Vous en pensez quoi?