A quoi sert le Parti Socialiste Européen ?

Cette question, je me la suis posée pour la première fois il y a quelques semaines face à l’incompréhensible ralliement des chefs d’Etat britannique, espagnol et portugais, tous socialistes, autour de la candidature de Jose Manuel Barroso (membre du parti populaire européen) à la tête de la Commission. Comme si Martine Aubry appelait à voter Nicolas Sarkozy ! Ce geste, je ne le comprends toujours pas. Si quelqu’un le comprend, je suis preneur d’explications.

Bien sûr, les socialistes gaulois s’agitent et dénoncent à tout va, mais que peuvent-ils bien faire seuls ? Les semaines passent, l’élection approche et les socialistes européens n’ont toujours pas de candidat contre Barroso. Le PSE serait-il tétanisé par la peur ? Certes, l’actuelle majorité des gouvernements européens est à droite, l’actuelle et très probablement prochaine majorité au parlement européen est/sera elle aussi à droite. Mais de là à abandonner toute proposition d’alternative !? La politique, ça n’est pas se battre pour ses idées ?

Ce scénario délirant n’en est pas un, c’est la triste réalité offerte par le PSE. On aurait pu espérer un moment voir la candidature de Poul Nyrup Rasmussen, président du PSE. Pas intéressé. Ou celle de Martin Schulz, le responsable des socialistes européens au parlement. Pas intéressé non plus. Mais alors y-a-t-il un socialiste européen, juste un, pour représenter son camp, à défaut de faire honneur à la démocratie ? La messe est dite, le coup de grâce est tombé hier, venu d’outre-Rhin, par la voix de Franz Müntefering, le patron du SPD qui qualifie Barroso d’homme « de confiance » et « d’expérience », balayant même d’un revers la question d’un candidat socialiste face à une évidente reconduction de Barroso : « pourquoi le ferions-nous ? ». Pour assurer une place de commissaire à son copain Martin Schulz, nous révèle J4M sur son blog, ce même Martin qui refuse de tenir tête à Barroso ou, par défaut, de soutenir un de ses camarades. Bel esprit !

Pour rendre cette situation compréhensible du grand public, imaginons un instant qu’il s’agit de la présidentielle française de 2012 dans la foulée des législatives. Avant même le scrutin, la domination de la droite à l’assemblée nationale est un fait presque acquis. Côté présidentiables, la concurrence est inexistante. Exit les extrêmes, trop petits pour peser. Sarkozy se représente, sûr d’être réélu. Seul Bayrou est là en outsider. Et aucun candidat socialiste ! Car l’hypothétique candidat socialiste sait qu’il n’aura pas de majorité parlementaire et/ou n’est même pas sûr d’atteindre le second tour de la présidentielle. Pourquoi se présenter dans ces conditions ? Pourquoi…

Faut-il en conclure que la majorité des leaders socialistes européens sont des bourses molles ou encore des bras cassés ? Je vous donne ma réponse ci-contre avec cette affiche de campagne détournée qui me semble plus réaliste au vu des événements et plus honnête que des slogans vides de sens comme « les citoyens d’abord » et « une nouvelle direction pour l’Europe ». De qui se moque-t-on ? Avant d’insuffler un leadership nouveau en Europe, encore faut-il en avoir un dans son propre parti ! Si « l’engagement » politique consiste à occuper le banc de touche, autant être commentateur ou tout simplement changer de métier… Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas d’une éventuelle déroute électorale du PSE. Pathétique.

5 réflexions sur « A quoi sert le Parti Socialiste Européen ? »

  1. Tout a fait d’accord avec toi !!!

    Moi non plus je ne comprends pas. TOUT, mais vraiment TOUT est fait pour assurer une victoire massive des opposants à la politique de SARKO, qui s’avère être celle de BARROSO, lequel, mise à part un diplôme en courtisanerie appliquée, est absolument nul !

    Mais non…Pas un pour se proposer ! D’après ce que j’ai compris, il faut un ancien Premier Ministre pour la Commission. Sinon, personne n’en veut.

    Bon…Nous elle ne l’a pas été mais, au moins pour sauver l’honneur « la fille de DELORS » cela pourrait le faire ! Mais non !

    Remarque, le Modem ne fait rien non plus ! Le sieur Bayrou ne se présente pas à ce que je sache…Le moyen le plus efficace pour s’opposer à Sarko, c’est pourtant d’être Président de la Commission !

    On peut faire la même remarque concernant Coh Bendit, qui ne se présente pas lui non plus pour le poste…Là encore, ne serait ce que pour sauver l’honneur !

    Ou…Fabius, Mélenchon, et les autres. Candidatures pour l’honneur, mais candidature quand même !

    Ce que j’adore aussi c’est « on soutient BARROSO » en échange le Président du PSE devient Commissaire. Il a donc si peur de perdre son mandat de député ?

  2. Le Traité de Lisbonne n’étant pas encore ratifié, le président de la commission n’a pas à être issue de la majorité du Parlement.
    C’est une raison pour laquelle, le PSE tergiverse.

    Concernant rasmussen, vos propos sont inexacte puisque’il est expressement candidat en cas de défaite du PPE.

    Or il va falloir une grosse performance du PSE pour y arriver.
    Voyant, la défaite arrivé, certain préfère trouver un compromis avec la droite plutôt que de ne rien avoir à la fin.

    Empêcher le PPE/PLD d’avoir la majorité est donc la première priorité, ensuite on trouvera quelqu’un pour contrer Barroso.

  3. @Seb: oui, apparemment il faut un premier ministre, c’est une règle tacite, donc modifiable… Concernant le modem, ma comparaison avec le système français soulignait le fait que le seul candidat proclamé face à Barroso (et soutenu par le Modem) est Guy Verhofstadt, ancien premier ministre de la Belgique issu du parti libéral et démocrate européen. Cohn Bendit est malheureusement bien trop européen pour être à la Commission. Les eurosceptiques feraient tout pour l’en empêcher, comme ils l’ont déjà fait il y a 5 ans contre le même Verhofstadt. Ce qui nous renvoit au même problème: où est le candidat socialiste? Au final, que des bourses molles, sans ambition ni panache!

    @sangaku: tu as raison de préciser que Rasmussen n’a pas complètement dit non. Traité de Lisbonne ou pas, élections faites ou pas, il n’y a rien d’insultant à proposer un candidat à la tête de la Commission quand on est la 2ème force politique d’Europe. C’est le minimum de respect pour ses électeurs et le minimum d’ambition quand on dirige un parti de cette importance. Dire qu’on est candidat en cas de défaite de l’adversaire est ridicule. Comme dit, c’est comme si un potentiel candidat socialiste à la présidentielle française refusait d’aller au charbon parce qu’on le donne perdant! Et si Rasmussen (ou un autre) avait eu le courage de se porter candidat dès le début, qui te dit que les quelques traitres nommés dans ce billet se seraient ralliés à Barroso? Le compromis, ce sera au moment de gouverner l’Europe, pour l’instant, nous sommes en campagne, l’heure n’est pas au copinage, ni aux petits arrangements!

  4. Ce serait une excellente idée et pas uniquement pour les socialistes d’ailleurs! Cela étant dit, quelle que soit la nature du parti, composite ou réellement européenne, le problème restera le même tant qu’il y aura autant de bras cassés. 🙁

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