Soyons gentils avec les fumeurs européens

Aidons les fumeurs - complimentons les« Liberté toujours », comme le vantait une marque de tabac. La liberté de tuer quelques 5000 non-fumeurs par an en France ne doit en effet pas empêcher la liberté d’être aimables avec les fumeurs.

Cette semaine, après que la Commission Européenne ait jugé illégale la fixation d’un prix minimum pour le tabac en Belgique et qu’elle s’apprête à un possible recours en justice contre l’Allemagne pour la non-transposition de la directive qui interdit toute publicité pour le tabac, la France n’est pas en reste. Aujourd’hui, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s’est entretenu avec le Premier Ministre au sujet d’une véritable loi anti-tabac dans les lieux publics qui durcirait la loi Evin de 1991. Bilan: les prochains mois seront l’occasion d’une large consultation.

L’idée de protéger les non-fumeurs a fait son chemin depuis 1991. L’été dernier, le député Yves Bur avait remis le sujet au goût du jour en déposant une proposition de loi dans le sens de l’interdiction totale. Car la loi Evin est malheureusement inapplicable et insuffisante. Non seulement les clients mais aussi le personel non-fumeur dans les bars et les restaurants continuent à fumer malgré eux. Quant aux zones fumeur / non-fumeur, on en connaît la couleur…

De Villepin, après avoir perdu une bourse dans la crise du CPE, a du craindre de perdre la 2ème (Citation de l’intéressé: « Je ne retirerai pas le CPE, parce que moi, contrairement à Balladur, j’ai des couilles« ). Le Premier Ministre s’est donc incliné devant les électeurs fumeurs, en particulier les jeunes (53% des 15-24 ans fument- Source: Insee) qui viennent de l’allumer sévèrement pour 2007 et risquent de le griller pour de bon au moindre faux pas.

D’autres politiques blogueurs comme DSK ou Fabius se disent favorables à cette loi. A raison d’ailleurs puisque, d’après un sondage Ifop réalisé en février 2006, 78% des Français se disent favorables à l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics; 57% contre le fait de fumer dans les bars, boîtes, cafés. Mais en politique, communication ne rime pas toujours avec action. Et certains ont plus de « couilles » que d’autres.
Le tout puissant lobby du tabac n’a pas hésité à faire les yeux doux à d’anciens collaborateurs d’élus UMP pour convaincre leurs collègues que les électeurs fumeurs doivent être chouchoutés. Sans parler du lobby des buralistes qui redoutent la fin des zones fumeur. Yves Bur aurait du compter sur le soutien de son parti en novembre dernier pour imposer cette nouvelle loi anti-tabac. 5 mois plus tard, on n’a pas fini de consulter!

Quid des fumeurs européens?

La France pionnière en 1991 est désormais distancée au niveau européen. A Malte, en Ecosse, en Irlande, en Italie et en Suède, l’interdiction est totale dans tous les lieux publics sans exception. L’Espagne, qui était très en retard, a voté cette année une loi intermédiaire: les lieux publics de grande superficie doivent avoir une partie fumeur et une non-fumeur; les petits cafés et bars doivent s’afficher dès la porte d’entrée comme « fumeur » ou « non-fumeur ». Les bars non-fumeur y sont encore trop peu nombreux, mais c’est un premier pas positif.

Dans un autre registre, la Belgique qui deviendra entièrement non-fumeuse en 2007 mène une grosse campagne publicitaire depuis plusieurs semaines: « Soyez gentils avec les fumeurs… Ils vivront moins longtemps que vous » (cf. image ci-dessus). Télé, web et presse incitent les non-fumeurs à devenir « buddy », c’est à dire potes d’un fumeur. Toute la campagne est à (re)voir à cette adresse: www.aidelefumeur.be.

En France, on rit beaucoup moins. Une pétition est à signer et envoyer à votre député(e)
Dans tous les cas, soyons gentils avec les fumeurs. Ils mourront plus jeunes.

7 réflexions sur « Soyons gentils avec les fumeurs européens »

  1. Le gouvernement confond la cabine du grilleur avec la cabine isoloir qui va le griller. L’une est ventilée, l’autre ventilera les comptes.

  2. Merci Cédric pour ton article. Il fait bien le point de la situation. Moi, ce qui me fait réagir — tu le soulignes bien d’ailleurs –, c’est que certains politiques sont bien trop frileux pour avancer sur le sujet. Quand on commence à mettre en place des commissions qui, au travers de larges et ambitieuses consultations, étudieront la question, que des experts seront mandatés pour émettre les recommandations qui s’imposent [attention, langue de bois], c’est très mal parti à mon sens.
    A un moment donné, il faut y aller. Alors, c’est vrai, à un an des présidentielles, ça peut être un handicap de plus pour la majorité, mais la politique du surplace risque de profiter non pas aux grands partis, mais bien aux extrêmes.

    Je me permets également d’être hors-sujet pour réagir à ton sondage sur la colonne de droite. Autant je n’avais pas une attirance folle pour le service militaire, autant l’idée d’un service civil me semble opportune pour créer une certaine cohésion nationale et européenne.

  3. Ce n’est pas la peine de mettre un écran de fumée sur un écran de fumée. A un moment donné, il faut y aller, au mur. Oui, c’est bien vu, pour la cigarette, la consultation a été organisée, pensée, déployée, communiquée, maîtrisée, téléportée. Pour le CPE il n’y a rien eu. Pour le CNE non plus, pour la précarisation non plus, pour l’adhésion sans condition à l’OMC non plu et, pire, à l’AGCS avec sa privatisation totale de tous les services publics (dans cinq ans, c’est fait).

    La consultation n’est pas la politique du surplace, regardez donc les démocraties représentatives et de consultation allemande et scandinaves, c’est pour commencer l’abandon de l’arrogance . C’est justement les passages en force à la française par décret et 49-3 sur les questions vitales qui vont mener aux extrêmes. La politique c’est l’adhésion, c’est à dire justement l’issue naturelle de l’élaboration d’un programme, de son explication et de son partage, de la communication et si ceci vous fait plaisir du marketing politique.

  4. Thomas,

    Tes propos sont hors-sujet. Je ne critique pas la consultation dans l’absolu. Elle est un prérequis à la démocratie. Je déplore une (pseudo-)consultation du lobby des fabricants et des revendeurs de tabac face aux 80% de Français qui se déclarent favorables à l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics.

    Quand il en va de la santé pulbique, on peut, exceptionnellement, a fortiori quand le peuple y est favorable, prendre une décision rapide sans évoquer un dialogue (de sourd).

  5. Thomas,

    Ou tu as mal interprété ce que je disais, ou je me suis mal exprimé. Peu importe, j’essaie de te répondre.

    Bien sûr que je suis pour la consultation et une certaine adhésion. Cependant, pour le sujet qui nous concerne aujourd’hui, la consultation et l’adhésion de la population incitait justement à « y aller » au lieu de demander de nouvelles consultations devant la pression des lobbies, bref de jouer la montre. C’est bien dommage cette reculade parce que là je pense que Villepin ne se serait pas planté, bien au contraire.

  6. Salut,
    Article interessant qui mets le doigt sur les puissants lobby du tabac au lieu de mettre l’accent sur les aspect législatif stricto sensus…
    Si ces problématiques de lobbying et de réseaux d’influence vous interesse, voici l’adresse d’un autre blog traitant de ces problématiques: http://www.poumonsdutabac.com

  7. Pour voter, il faut être majeur. La définition de ce mot est la capacité à prendre ses propres décisions et ses responsabilités. La question, bien plus grave que les risques liés au tabac, est de savoir si nous voulons un Etat qui nous considère comme des enfants et nous manipule sans arrêt, nous considérant comme une pâte à modeler ou si nous voulons encore protéger notre libre artbitre.
    Qu’on interdise la publicité pour le tabac: d’accord! Mais alors qu’on cesse de nous asséner une propagande anti-tabac de tous les instants et des plus insultantes. En Belgique nous venons de faire retirer un spot télévisé qui assimilait les fumeurs à des animaux avilis. En effet, cette publicité anti-tabac tue par effet placebo non seulement les fumeurs mais même les fumeurs passifs qui croient erronément être soumis au même risque. Mensonge éhonté du lobby anti-tabac et je suis prêt à le démontrer.
    Qu’on interdise de fumer dans les lieux publics tels que les bureaux de poste, les gares, les administrations : d’accord car les non-fumeurs ont le droit de ne pas être exposés à la fumée des autres. Qu’on interdise de fumer dans l’Horeca, absolument pas d’accord!
    Qu’est-ce qui empêchait les restaurateurs d’interdire de fumer dans leur établissement?
    La crainte de perdre des clients? Qu’ils assument les lois du marché et n’essaient pas de protéger leurs revenus en privant de liberté la moitié de leur clientèle.
    Qu’on taxe abusivement le tabac sous un prétexte fallacieux (car inopérant) de réduire le nombre de fumeurs, absolument pas d’accord car le tabac comme les carburants ne sont pas repris dans l’indice des prix à la consommation et les hausses de prix ne sont jamais compensées par des hausses de salaire. Conséquence, ce que les consommateurs paient en taxes échappe définitivement au chiffre d’affaires des commerces et réduit donc la demande de biens et services, ce qui porte préjudice à l’industrie et à l’emploi tout en créant chez les fumeurs une multitude de problèmes sociaux.
    Nous venons de créer un parti politique en Belgique qui défendra les droits des fumeurs mais s’opposera plus généralement à toute tentarive de l’Etat de manipuler l’opinion pour lui asséner ensuite des lois liberticides. Une démocratie à l’Américaine, on n’en veut pas! Et si l’Europe veut calquer les Etats-Unis, il faut lui dire non comme l’ont fait les Français en refusant de signer le projet de Constitution.
    Protégeons avant tout la liberté individuelle dans le respect de celle des autres.
    Et là, je m’adresse autant aux non-fumeurs qu’aux fumeurs. Lien vers notre site:
    http://www.justicesociale.net

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