Le titre paraîtra pompeux pour certains. C’est en tout cas ma réflexion actuelle au vu de deux événements récents marquants dans le monde européen de la téléphonie mobile:
- l’iPhone est désormais en vente dans toute l’UE
- la Commission Européenne a décidé de s’attaquer aux arnaques des opérateurs télécoms
L’iPhone, on aime ou n’aime pas, mais reconnaissons lui une chose: il pose clairement la question de l’internet mobile. On en parle depuis des années, on en voit enfin la couleur avec des forfaits téléphonie/internet tout compris (ou presque).
Dans le même temps, le consommateur européen consomme de plus en plus de téléphonie mobile dans son pays, mais aussi dans l’UE en général. J’en avais déjà parlé : les opérateurs télécoms nous prennent pour des pigeons! A titre d’exemple, en 2004, je payais environ 7 cts le SMS local en Finlande contre 15 cts en France. Des différences qui n’ont guère évolué depuis et qui s’accentuent dès lors qu’on sort de ses frontières (les fameux coûts d’itinérance, alias roaming). Mais de quelles frontières parle-t-on?
Pour vivre au Luxembourg, pays de passage par excellence, la notion de frontière m’est encore plus étrangère qu’auparavant. Pourtant, chaque fois que je parcoure à peine 20km et que je me retrouve en Belgique, en France ou en Allemagne, je vois ma facture mensuelle gonfler de manière irrationnelle… Je sens aussi un sacré bordel tarifaire au doux parfum d’arnaque parfaitement résumée par l’illustration ci-dessous (récupérée sur le site de l’opérateur luxembourgeois Vox).
Vous y comprenez quelque chose? D’autant qu’on ne sait jamais si le coût sera facturé dans le forfait ou pas.
Vous imaginez le même schéma pour vous expliquer à chaque fois que vous payez, retirez de l’argent ou faites un virement dans votre pays d’origine ou un autre pays de l’UE? Heureusement que Vox a un tarif spécial « Europe sans frontière »… qui ne marche que pendant les vacances d’été! Heureusement que d’autres opérateurs européens de renom ont des tarifs spécial roaming ou « assimilés » qui, en fait, sont moins synonymes de liberté que de limitations surtaxées. Mais le consommateur n’est pas lésé puisqu’une astérisque indique qu’il faut lire le nano-texte en bas de page…
La Commission Européenne, par la voix de Viviane Reding, commissaire chargée de la Société d’information et des médias, avait déjà imposé un plafonnement du coût d’itinérance pour les communications effectif depuis l’été 2008: 46 cts HT la minute (43 à l’été 2009) et 22 cts pour les appels reçus dans l’UE. Le 23 septembre dernier, elle a renchéri avec un règlement (à faire approuver par le Parlement et le Conseil des ministres européens) imposant un coût HT du SMS à 11 cts contre 29 cts en moyenne aujourd’hui dans l’UE. Pour une mise en application au 1er juillet 2009…
Prochain chantier annoncé: le roaming appliqué à l’Internet dont le coût au Mo peut dépasser les 15 euros… A ce rythme là, le coût global d’un iPhone utilisé n’importe où dans l’UE devient rapidement un luxe encore plus luxueux que ce téléphone déjà réservé à une certaine élite, a fortiori s’il vient d’un mini-Etat comme le Luxembourg. Magnanime, la Commission Européenne prévoit pour 2009 l’envoi automatique des tarifs d’itinérance à l’abonné « à l’étranger » (comme c’est déjà le cas pour les communications), mais aussi la possibilité, dès 2010, de bloquer le transfert de données à partir d’un montant donné.
Une gentille mesure cosmétique. Les frontaliers trinquent encore et toujours! Et il n’y aucune raison que ça change côté opérateur. La Commission va dans le bon sens. Il y aurait pourtant mieux à faire pour favoriser la mobilité qui, rappelons le, est un pilier et un droit fondamental de la construction européenne. Car l’internet est l’avenir du mobile et les SMS/MMS appartiendront bientôt à l’histoire dès lors qu’on pourra envoyer des mails aussi facilement et à un tarif aussi voire plus bas.
Et si on imposait aux opérateurs des forfaits voix+internet véritablement européens où une minute de forfait correspond à une minute d’appel émis ou reçu de/vers n’importe quel endroit de l’UE? Pas si irréaliste si on observe Vodafone et Orange, qui trustent dans à peu près tous les pays de l’UE les 1ère et 2ème places. Si Bruxelles n’impose pas cette mesure, qui le fera? Que faut-il pour en arriver là: réunir un million de signatures pour une pétition à présenter à la Commission? Envoyer nos factures de roaming à Bruxelles histoire de rappeler que l’Europe, c’est des citoyens avant d’être des lobbies par ailleurs pas toujours justifiés? Ou interpeller Mme Reding directement sur sa page Facebook? Après la baisse du roaming l’été dernier, notre Commissaire a prouvé qu’on peut s’attaquer à une industrie puissante.
Il ne faudrait juste pas que le rêve d’iPhone et d’internet vraiment mobile ne reste qu’un voeu pieux…
Très bonne réflexion de ta part, je pense la même chose que toi, le Iphone commence à être une référence.
Marko.