La semaine dernière, je me plaignais des Conseils européens qui se suivent et se ressemblent par leurs replis silencieusement nationalistes. Pour une fois, je vais souligner une bonne initiative venant de la Commission Européenne qui vient de lancer un programme dénommé « Debate Europe ».
L’objectif: après les NON franco-hollandais, consulter directement les citoyens européens, nous, au travers de 3 grands thèmes: le développement économique et social, la perception de l’UE et ses missions, les frontières de l’UE et son rôle dans le monde.
C’est l’occasion de vider les sacs! Tout passe à la moulinette: Constitution, Turquie, emploi, importance du français dans les institutions…
Je reste assez sceptique quant aux répercussions. Si l’on considère le seul sujet turc – en juillet 2005, 52% des européens se déclaraient opposés à son adhésion, contre 32% pour (Source: Eurobaromètre) – je pense qu’une pléthore de commentaires à ce sujet ne suffira toujours pas à faire infléchir une politique européenne « lobbytomisée » par certains grands groupes industriels européens. Amis « nonniens » pro-turcs, souriez! Le plombier polonais sera peut-être remplacé dans 15 ans par le plombier turc, et pas uniquement le plombier!
Que vous soyez curieux ou révoltés, rendez-vous sur le forum de l’UE pour débattre de ce sujet et de bien d’autres.
Dans tous les cas, pensez-vous que ce forum géant aboutira sur du concret ou n’est ce qu’une simple opération cosmétique?
Gauche et droite font le même jeu au sujet de la Turquie comme Etat contractant partie à la Communauté européenne, soit celui d’un patronnat qui – fatigué par les problèmes de logistique et d’auditing face aux joint-ventures chinois – se frotte les mains d’avoir à ses portes un quasi-continent futur berceau d’une délocalisation à encore moins cher, et donc une « obligation » à un nivellement vers la bas du droit du travail « européen ». Bolkenstein est alors un ange, priez encore un peu pour nous, Bolki. D’autre part Bush-famille pousse l’Angleterre à demander la Turquie comme membre, car il nous « faut » bien avoir des bases militaires et des aérodromes de proximité pour bombarder les Etats qui sont de temps en temps voyoux. La Turquie doit, depuis le Kaiser Wilhelm II. et le Kemal – maintenant apprendre à être adulte et à comprendre son rôle d’intermédiaire commercial et culturel entre Europe, Russie et Moyent-Orient, au lieu de faire du chantage à l’Europe qui s’y prête avec tellement de complaisance. L’Europe perdra son sens en-dehors d’un partenariat priviligé avec la Turquie, comme nous en avons déjà avec elle, le Maghreb et bientôt le Machrek. Ah non, pardon, elle sera le grand marché unique, le mesti des produits et des sous.