Exit 2011, une année riche en communication européenne 2.0 et en enseignements, avec du bon et du moins bon… Plus de trois ans après l’arrivée du web 2.0 au sein de la machine politico-médiatique européenne, c’est le moment de faire un premier bilan.
Entre réseaux sociaux avortés et opérations événementielles sabordées, voici une sélection totalement subjective des 10 plus beaux flops de 2008 à ce jour.
1. Ask your question!
Souvenez-vous en juin 2011: Herman van Rompuy, le président du Conseil européen, nous promettait le dialogue 2.0 grâce à Facebook. Bilan de l’opération : quelques dizaines de questions posées sur la page de l’événement par les plus eurogeeks d’entre nous et seulement 2 réponses du principal intéressé le jour J !
Incendié de critiques par une poignée de commentateurs (cf. mon billet d’alors), Herman finira par répondre à toutes les questions… au bout de 3 semaines et avec une inimitable langue de bois.
Du grand art ! On prend les mêmes et on recommence l’année prochaine ?
2. Herman van Rompuy sur Twitter
2011, année européenne du twitt, et le grand gagnant est : HvR !
Nul ne sait comment notre président a su s’extirper de la masse de faux profils d’hommes politiques, mais le fait est qu’il remporte haut la main le prix du twitt euro-bruxellois grâce aux +38.000 personnes qui le suivent.
Alors Herman sur Twitter, ça le fait ou pas ? Oui, pour qui aime suivre une voix présidentielle… Làs, à l’instar de son opération séduction « Ask your question », n’attendez aucune réponse de sa part ! Herman ne suit que 100 personnes et se complaît dans un rôle de flux d’informations à la Belga.
Après avoir tenté plusieurs fois de l’interpeller, je jette l’éponge, impossible de sortir le maître ès haiku de ses monologues !
3. Waltzing Mathilda
Lancé en avril 2010 par une poignée de fonctionnaires « branchés » de la Commission européenne, ce petit blog entre amis s’est donné pour objectif d’initier les eurocrates aux médias sociaux pour leur montrer qu’eux aussi savent être cool. Un blog oui, mais pour qui et pour quoi au final ? A fortiori avec un nom aussi improbable…
Quel bilan en 18 mois ?
- aucune mise à jour pendant +6 mois
- impossible d’y poster le moindre commentaire pendant +6 mois
- des contenus 100% médias sociaux pas toujours très frais, surtout dans un web en constante évolution…
A force d’observer ce blog, j’en suis même arrivé à cette implacable conclusion : les médias sociaux, c’est un peu comme les frites* McCain, c’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus (et vice versa).
Sacrée Mathilda ! A force d’en parler tout le temps, elle en oublierait presque d’y goûter ! Chère Mathilda, as-tu déjà pensé à insérer quelques photos Flickr peut-être, quelques vidéos Youtube éventuellement, ou tout simplement un bouton Facebook « Like » sur chacun de tes billets ? Ne les cherchez pas, Mathilda n’en est qu’à ses premières séances de valse numérique…
A titre de (contre-)exemple, je vous recommande le blog non-officiel du parlement européen. Pendant que Mathilda apprend encore à danser, ses petits copains d’en face en sont déjà au rock acrobatique…
* Ironie du sort : son dernier billet parle justement de frites (belges).
4. EPSO/EU Careers
Embarqué lui aussi dans le traîneau de la communication européenne 2.0, le papa Noël des jobs européens s’est lancé dans une opération séduction à web ouvert. Haut les coeurs : 64.775 fans, rien que sur la page Facebook officielle ! Sans compter les 5.540 fans de la page « EU Careers – I’ve Applied« , soit en français dans le texte : « Carrières européennes, j’ai postulé ».
Imaginez la même chose avec une « vraie » entreprise et de « vrais » fans, ça donnerait quelque chose comme : « Hourra, j’ai postulé chez Coca-Cola (ou Sony, ou l’Oréal, ou autre), je me suis fait recaler, mais je surlike quand même ! ».
J’en ai rêvé, EPSO l’a fait !
Mais le meilleur reste Twitter : une succession de bêtes liens sans intérêt, un amas de paroles aussi mielleuses que malhonnêtes.
Je me souviens ainsi d’une discussion 100% langue de bois où un stagiaire d’EPSO me soutenait que la 1ère épreuve écrite des concours européens testait les compétences. Un mensonge flagrant et avéré que toute personne ayant passé ces tests saura reconnaître !
Attention EPSO, mentir, ça n’est pas bien ! Mais quand on ment sur le web, on traîne en plus cette image de menteur pour le restant de ses jours…

5. EU Raconteurs, alias vis ma vie d’illustre eurocrate anonyme
Vous ne les voyez pas, vous ne les connaissez pas et pourtant ils sont déjà là… Qui sont-ils, que veulent-ils ? Nul ne le sait, mais il est déjà trop tard ! Les illustres eurocrates anonymes ont déjà envahi Facebook…
Susanne_COMP, Signe_RTD ou encore Gerhard_AGRI, que des figures publiques de renom, s’il en est. Et comme le dit l’adage, si à 50 ans tu n’es pas fan de Moritz_COMM, c’est que tu as raté ta vie !
En fait, ces illustres anonymes ont tous un un point commun : ils ont été mandatés par EPSO (encore eux !) pour nous raconter, à nous autres citoyens lambda, des sornettes leur dur quotidien.
Tout le monde sait à quel point la vie de fonctionnaire européen peut être éprouvante voire difficile. C’est pour corriger cette injustice que les professionnels stagiaires en recrutement d’EPSO ont mis en place ce programme « EU Raconteurs ».
« Euro bubble » oblige, le discours est quasi-exclusivement en anglais. Rien de tel pour attendrir le grand public européen, qui on le sait, est majoritairement polyglotte, avide de réseaux sociaux et passionné par l’Europe !
18 mois plus tard, il semblerait que nos eurocrates aient quasiment cessé de se la raconter, circulez, y’a plus rien à voir !
6. Citzalia
Citzalia ou la promesse d’une immersion virtuelle au sein du parlement européen, pour réconcilier enfin le citoyen lambda avec ses institutions. Imaginez-vous un instant en personnage Lego dans le monde merveilleux des EuroSims et vous obtenez un projet à seulement 275.000€. Sortie officielle prévue l’an dernier on ne sait plus quand… J’ai tenté hier de lancer le jeu, en vain.
A défaut de site opérationnel, Citzalia peut toujours compter sur ses 112 fans Facebook, soit 2.455€ dépensés pour chaque acquisition de fan. Qui a parlé de crise ?
Pas sûr que mes parents y jouent de toute façon, si jamais ce site finit par fonctionner correctement…
7. Tweet your MEP
Twitter, Twitter, Twitter ! La prophétie l’annonçait dès 2010 : nous allions twitter comme des cabris ! Un an plus tard, mes parents n’ont toujours pas twitté leur eurodéputé(e) et ils ne sont pas les seuls au vu de l’infime nombre de questions affichées sur le site… Le feraient-ils plus volontiers d’ailleurs s’ils le/la connaissaient ?
Au final, une belle opération de communication pour le site Touteleurope.eu, rien de plus.
8. Linolounge
Positionné comme « le » réseau social de niche pour les habitués de la bulle bruxelloise, Linolounge ne manquait pas d’atouts pour attirer un public CSP+ demandeur de jobs bien payés et de divertissement de qualité. Un concept intéressant à la base, malheureusement non exempt de défauts dans sa navigation et surtout lancé bien trop tard pour un public euro-bruxellois déjà hyperactif sur les grandes plateformes existantes, Facebook en tête. Dommage.
9. MyParl.eu
Retour en 2007-2008 : Prenez deux entreprises de premier plan, Euractiv et Mostra, tirez une fausse bonne idée 2.0 de votre chapeau magique, puis saupoudrez le tout avec 4 millions d’euros : vous obtenez alors Myparl.eu, le plus gros flop de l’histoire de la communication européenne !
Initialement, Myparl aurait du être un forum amélioré façon Myspace, censé mettre en relation les eurodéputés avec les parlementaires des différents Etats-membres à la veille des élections européennes de 2009. Un projet centré sur le parlement européen donc, mais commandité par la Commission européenne, à la demande du parlement. Comprenne qui pourra…
Bilan : un projet mort-né dont il subsiste encore quelques vidéos sans intérêt, un embryon de blog et surtout beaucoup de questions sans réponse :
- Comment la Commission a-t-elle pu signer un contrat de 4 millions pour un projet à durée déterminée (moins de 2 ans au départ) ?
- Comment l’instigateur de ce site a-t-il pu se fourvoyer à ce point dans un projet aussi improbable qu’une tour de Babel ?
- Pourquoi personne à l’époque n’a songé à investir cet argent intelligemment, dans des actions d’éducation auprès du grand public et des plus jeunes par exemple ?
Pas sûr que quelqu’un veuille déterrer le cercueil 3 ans plus tard, même pour y résoudre tous ces mystères.
10. ????
A vous de me dire quel est votre 10ème flop dans les commentaires !
Conclusion
Entre déceptions réelles et accidents industriels à la limite de la faute professionnelle grave, la communication européenne en ligne n’a pas fini de nous divertir. Alors que la bulle 2.0 commence doucement à se dégonfler dans ce petit monde d’initiés, espérons que le pragmatisme prenne enfin l’ascendant.
Rien ne sert de courir vers l’eldorado 2.0, il faut partir à point !
PS: Avis aux accusés de cet article et aux autres, je reste à disposition pour toute demande de conseil…
9 réflexions sur « Flop 10 de la communication européenne 2.0 »