J-7 avant le référendum qui répondra enfin à l’éternelle question existentielle : le Royaume-Uni (RU) a-t-il sa place, oui ou non, dans l’Union Européenne ?
OUI, d’un point de vue 100% britannique. Pour ceux qui en doutent, il suffit d’écouter la raison dans le camp du « Remain » et de lire la pléthore d’articles sérieux qui exposent les risques économiques et politiques encourus par le RU en cas de sortie…
NON, d’un point de vue purement européen ! NON, encore plus si l’on est européen fédéraliste et convaincu, comme c’est mon cas.
Pour le bien de l’Europe, disons NON au maintien de l’Angleterre, au moins 7 fois ! Voici pourquoi.
1. Ejecter le cheval de Troie de l’Europe
Un pied dedans, un pied dehors. Voilà la position du Royaume-Uni dans l’UE depuis 1973 ! Hors zone euro, hors Schengen, exempté de la Charte des droits fondamentaux de l’UE, … et toujours en tête pour torpiller tout projet d’intégration avancée, y compris ceux qui ne la concernent pas ! Comme récemment, en 2011, lorsque le premier ministre Cameron a refusé de signer un nouveau traité budgétaire, censé régler certains dysfonctionnements de la zone euro à laquelle il n’appartient pourtant pas.
Par ailleurs non content d’avoir quasiment tué le projet d’une Europe politique, le Royaume-Uni est aussi le seul membre à bénéficier depuis 1984 d’une ristourne sur sa contribution au budget européen. Tout cela grâce à feu Mrs Thatcher, alors premier ministre, qui trouvait l’Europe trop chère par rapport aux quelques bénéfices qu’elle en retirait.
Et vous, ça vous dirait d’exiger une réduction fiscale à votre service des impôts car vous estimez que l’Etat ne vous gâte pas assez ?!
Et qui paye ce manque à gagner ? La France principalement. Sans broncher. Malgré une population et un PIB équivalents, elle a ainsi contribué au budget européen de 2014 à hauteur de 19,6 milliards d’euros, contre 11,3 milliards d’euros pour le Royaume-Uni…
Dernier méfait en date : le chantage de Cameron il y a quelques mois, où l’intéressé aura obtenu la mort de droits fondamentaux européens contre un appel au vote pour le maintien du Royaume-Uni en Europe. Un chantage made in UK, labellisé « C€ », garanti sans contrefaçon.
Pour la survie de l’Europe, arrêtons les frais.
2. Provoquer un électrochoc et une réflexion sur le projet européen
Qu’on soit adversaire ou défenseur de l’UE, un même constat s’impose aujourd’hui : celle-ci est sclérosée, à l’arrêt, sans aucun projet ! La faute à une commission et un parlement anesthésiés par un Conseil des chefs d’Etat et gouvernements, tous plus nationalistes et égoïstes les uns que les autres, et surtout incapables de définir une quelconque vision positive européenne.
C’est un fait : le post-nationalisme créé et nourri par le Conseil européen, au lendemain des années Delors, ne satisfait personne.
Et si on pariait sur un Brexit pour casser les pensées limitantes d’un énième véto britannique et enfin redéfinir un projet européen, ni uniforme, ni à la carte, mais organisé en cercles concentriques, incluant:
- une union politique fédérale pour la zone euro
- une union économique élargie à l’EEE et la Turquie
- une grande Europe diplomatique élargie aux voisins proches
A quand un projet clairement défini et délimité ?
3. Dégager les « boulets »
Brexit aujourd’hui. Et demain ? Beaucoup d’anti-Brexit nous prédisent le détricotage, voire la mort lente de l’UE en cas de sortie du RU. Vraiment ?
Rappelons qu’en cas de Brexit, l’Ecosse et l’Irlande du nord, toutes deux membres du Royaume-Uni, se disent prêtes à organiser un référendum pour quitter le RU… afin de redevenir membre de l’UE ! Dans le même temps, plusieurs pays tiers sont toujours candidats à l’adhésion. N’en déplaise aux esprits chagrins, l’attractivité de l’Europe n’a jamais été si grande.
Le Brexit devrait être un prétexte pour lancer le débat sur l’appartenance de certains états membres. Officiellement, tout le monde est hypocrite fier d’appartenir à la famille européenne. Dans les faits, certains pratiquent pourtant un double jeu malhonnête et préjudiciable à l’Europe.
Plus l’Europe s’enfonce dans le doute et le mutisme, plus les régimes nationalistes forts ont le vent en poupe. Pologne, Hongrie… Et si au lieu de se taire ou d’invoquer les démons d’après-guerre, Bruxelles leur rappelait simplement les conséquences économiques d’une exclusion ?
Si l’UE est capable de dépasser la déception d’une réunification en demi-teinte et accepte l’idée de se séparer à l’amiable de l’un ou l’autre membre (conformément à ses traités), alors elle en sortira plus forte.
4. Démontrer la médiocrité du Conseil
Selon Donald Tusk, président du Conseil européen, un Brexit pourrait mener à la destruction de la civilisation occidentale… Rien de moins ! Les USA et l’Australie peuvent trembler…
Le risque d’une destruction de l’UE est réel. Sauf que celui-ci est bien moins lié au Brexit qu’à la médiocrité sans fin du Conseil européen.
Crise grecque, crise de l’euro, crise des migrants syriens, crise britannique pre-brexit… Depuis 5 ans, on peine à entendre la voix de la commission et du parlement sur ces sujets. Normal : le Conseil aura monopolisé la parole en prononçant tout et son contraire, ne faisant qu’ajouter de l’huile sur le feu ! Qu’on ne s’y trompe pas : cette Europe autiste, inefficace et décriée de tous, est celle gérée par les Etats qui la critiquent après l’avoir sabotée.
Si l’Europe et sa monnaie doivent mourir un jour, ça sera par la seule et unique faute du Conseil et des Etats européens, et non pas par la volonté d’un petit peuple insulaire qui ne s’est de toute façon jamais senti complètement européen.
5. Récupérer plusieurs milliers d’emplois
Le Brexit aurait certainement des effets négatifs sur les 300.000 emplois financiers à Londres. Dont acte. Mais aussi des effets positifs pour les autres places financières en Europe continentale : Luxembourg et Francfort en tête, qui se feraient un plaisir d’accueillir un certain pourcentage de ces emplois. Trop dur le Brexit !
6. Enrayer le monolinguisme anglophone dans la bulle européenne
Une fois la sortie du RU actée, on devrait aussi se rendre à l’évidence que l’épuration linguistique opérée ces 20 dernières années par les institutions et lobbys européens était une grave erreur.
Au lendemain du Brexit, l’anglais serait ainsi la langue maternelle d’une grosse poignée d’eurodéputés représentant environ 6 millions d’anglophones natifs sur les 443 millions de citoyens restants en Europe, soit moins de 2% de la population.
Avec un peu de bonne volonté des institutions européennes, on pourrait ainsi espérer la mort progressive du globish (cet infâme dialecte anglo-euro-bruxellois), le retour des 3 langues de travail (français, anglais et allemand) et une prime au multilinguisme qui permet de promouvoir des profils vraiment européens avec une vision supranationale. Exit le monolinguisme acculturant !
7. Mieux célébrer le retour du Royaume-Uni…
Cela peut sonner contradictoire avec tous les éléments ci-dessus, mais viendra un moment où le RU réalisera son erreur et demandera une réadhésion à l’UE. Espérons que d’ici là, un noyau fédéral avec un projet clair à long terme, aura été mis en place. Alors, le RU saura retrouver la place qu’il mérite, aux conditions définies par Bruxelles, à prendre ou à laisser.
Le Brexit serait le plus cadeau fait à l’UE depuis le traité de Maastricht. Amis anglais pro-européens, pour le bien de l’Europe, le 23 juin prochain, votez utile, votez Brexit !
Credit image: Jeff Djevdet (CC)
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