Pour un manuel d'histoire européen

Manuel histoire franco allemandL’éducation encore et toujours, telle est et sera une des clés de la réussite européenne! Qui ne fait apparemment et malheureusement ni partie de l’Europe des projets des uns, ni du plan D, E, F… X, Y, Z des autres. 🙁

Malgré un contexte peu favorable – chacun se replit dans son coin, la France a repris en coeur la Marseillaise contre l’envahisseur francfortois-bruxellois, la Pologne cherche à constitutionnaliser l’interdiction d’avorter – j’ai trouvé joyeusement provocante et très intéressante l’initiative d’Annette Schavan, la ministre de l’éducation allemande, qui a réuni vendredi dernier à Heidelberg ses homologues européens pour discuter de la possibilité d’un manuel d’histoire européen sur le modèle du manuel franco-allemand.

A la bonne heure! Et personne n’en parle! Dommage que la Pologne en proie à de troubles tentations extrêmistes joue la facilité en accusant l’Allemagne de vouloir récrire l’histoire. Son ministre Roman Giertych considérant la (sa?) vision de l’histoire comme trop différente pour imaginer un quelconque résultat concret. C’est sûr, quand on considère l’avortement et l’homosexualité comme un crime, partage-t-on vraiment la même vision des choses?

Le seul manuel d’histoire franco-allemand devrait montrer la bonne voie à suivre. Aujourd’hui, génération Erasmus. Demain, génération manuels en commun? Et pourquoi pas des examens communs non plus par pays mais par zone linguistique? Pourquoi pas un baccalauréat franco-wallon par exemple?

Pour autant, relativisons les choses. Au delà du bon gros papier franco-allemand, les faits subsistent: en France, 60 ans après, on fête deux fois l’an un vainqueur et un perdant. On pense que le Polonais – jadis ami de la France, avant qu’il ne soit abandonné par ce même ami – est un vilain plombier assoiffé de tuyauteries ouest-européennes qui sonnent bon l’euro… Il y a 60 ans, tout le monde était perdant! Et aujourd’hui? Comment récrire cette contre-éducation ancrée dans nos inconscients?

Un demi-siècle après toutes ces erreurs en partie irréparées, Chirac l’Européen annoncera-t-il cette semaine à Bruxelles son soutien pour ce manuel scolaire européen? Saisira-il l’occasion de « l’ouvrir  » intelligemment – lui qui incitait les Polonais à « se taire » il y a quelques années – pour par exemple annoncer le remplacement du 8 mai par le 9? Ou faudra-t-il attendre cet ouvrage pour enfin en débattre? Voilà bien des questions qui méritent d’être posées et débattues.

7 réflexions sur « Pour un manuel d'histoire européen »

  1. Euh, en seuls termes de manuel d’Histoire européen, il existe déjà un prototype : Cf. http://www.taurillon.org/Une-Histoire-de-l-Europe

    Pas franchement très utilisable en cours (car trop verbeux, trop  »littéraire » et sans exercice…), mais – cependant – intéressante base de travail pour la suite des opérations (et gros travail éditorial à caractère multinational…).

  2. L’un des problèmes pour la réalisation du manuel dont tu parles est la perception que nous avons de l’histoire.

    D’apèrs les échos que j’ai eus, le manuel franco allemand n’a pas suscité trop de polémiques… mais la prochaine version pour les 1ères avec la Ière guerre mondiale est tout autre par exemple.

    Enfin bon, espérons le !

  3. C’est clair que ce prototype de manuel européen ferait une bonne base. Clair aussi; comme tu dis Valéry, que le plus dur sera de convaincre les profs. On peut avoir les meilleurs manuels et les meilleures intentions politiques. Tout ceci ne donnera rien si les professeurs ne jouent pas le jeu. A foriori s’ils sont comme ceux de l’article que tu cites. :-p

  4. Alors, plein de choses :

    -1- Dépasser les visions strictement nationales de l’Histoire par la rédaction d’un ouvrage qui proposerait d’autres perspectives plus larges, c’est précisément l’objet d’un tel outil (Nb : A ce moment là, d’ailleurs, c’est finalement sans doute moins un manuel d’Histoire strictement  »européen » qu’il nous faudrait, qu’un jeu d’ouvrages racontant – de façon plus large et plus exhaustive – l’Histoire de l’Humanité…).

    -2- Contrairement à ce qui est dit précédemment (et comme on peut d’ailleurs le voir en annexe de l’article du Taurillon déjà précité…) le manuel franco-allemand des éditions « Klett & Nathan » a tout de même déjà fait couler pas mal d’encres très négatives dans le milieu enseignant, notamment de la part du SNES, syndicat majoritaire dans le monde enseignant (surtout si l’on parle du secondaire).

    -3- Qu’est-il exactement reproché au manuel des éditions Klett & Nathan ?! Plusieurs choses, pêles-mêles ; comme d’avoir une approche beaucoup trop  »légitimiste » de l’actuelle construction européenne (et des actuelles politiques communautaires) et de laisser à penser à certains qu’il s’agit là d’un outil de propagande proposant de jeter le cadre national aux orties (tout du moins c’est ce qu’en pensent certains collègues, politiquement attachés à l’Etat-nation…).

    -4- Quant à l’actuelle tentation au vote  »pro-Bayrou » dans le monde enseignant, même s’il est un phénomène authentique que je vous confirme (de l’intérieur…), ne vous y trompez néanmoins pas :

    C’est là moins un vote d’adhésion à quoi que ce soit (et surtout pas à la vision  »européenne » que développe actuellement le candidat Bayrou…) qu’un – surtout – très profond mouvement de mécontentement (voire une très lourde tentation au vote sanction…) du monde scolaire à l’égard des politiques scolaires aujourd’hui proposées par l’UMP comme par le PS…

    …là où le candidat centriste propose, lui – par exemple et entre autres choses – de mettre en place des parcours diversifiés pour les élèves dits  »en grande difficulté » ainsi que de revenir sur le principe du  »Collège unique » en établissant le  »Collège hors les murs » afin d’y mettre les éléments les plus perturbateurs de nos établissements respectifs.

    Pour le reste, disons également qu’une bonne partie des Collègues a aujourd’hui une très forte envie de  »mettre une nouvelle bonne beigne » aux politiques ; un petit peu comme – il y a cinq ans déjà – le candidat centriste l’avait fait à un gamin qui lui tentait de lui faire les pôches (et je peux vous assurer que le geste – emblématique s’il en est pour une profession qui ne s’est jamais sentie aussi méprisée par son administration et dévalorisée dans la société – est resté dans les mémoires).

    (Et disons également qu’ – hormis certaines maladresses récemment commises par la candidate socialiste sur le temps de travail  »présumé » des enseignants – que le monde enseignant – qui, politiquement, sait parfois être très rancunier – n’a pas non plus oublié le temps où Ségolène Royal était l’adjointe d’un certain Claude Allègre…).

    Donc, absolument rien à voir avec l’Europe, ni le manuel franco-allemand…

  5. Disons que le monde enseignant – qui sait parfois être politiquement rancunier – n’a pas non plus oublié le temps où Ségolène Royal était l’adjointe de Claude Allègre.

    Disons non plus que le monde enseignant n’a pas non plus oublié le bon vieux temps où le candidat centriste mettait quelques  »bonnes beignes » à certains enfants mal élevés tentant de lui faire les poches.

    Donc, absolument rien à voir avec l’Europe ni le manuel franco-allemand…

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