L'Europe est-elle l'affaire des anciens?

De retour d’une longue pause de blog – dégoûté par le tournant antieuropéen de la campagne présidentielle française – je reviens sur l’assemblée « nationale » annuelle du Mouvement Européen Fédéraliste de Sarre (Europa Union Saarland) où j’étais invité le week end dernier en tant que « Jeune Européen » pour élire les dirigeants.

Une journée assez intéressante où j’ai découvert les joies de la démocratie bananière, où le conseil élu quinqua + se fait réélire à main levée, sans résistance aucune, où aucun quadra – ne pointe le bout de son nez. Etrange.

Surtout, j’en ressors avec une drôle d’impression, celle d’avoir été un jeune con au milieu de vétérans de l’Europe. Tous ces gens sont hautement respectables pour avoir défendu des convictions européennes contre vents et marées à une époque où l’Europe était le rêve / fantasme de quelques illuminés. Pourtant, à y regarder de plus près, tout ceci ressemblait à une mini Commission européenne, une sorte d’oligarchie-gériatrie où tout est verrouillé par les Opis und Omis (papys et mamies en bon français), où l’avis des jeunes semble importer peu, car, comme à la boucherie de Carrefour, il faut prendre un ticket avant d’espérer avoir quoi que ce soit!

La conclusion de cette assemblée a été enrichissante à bien des égards. Certains membres ont été récompensés pour leur appartenance au mouvement depuis plus de 25/30 ans. Respect! En finitude, on a même eu droit à l’hymne européen! Dommage que, à peine lancé, l’hymne a été involontairement boycotté par ces vénérables anciens déjà partis en direction du buffet avec leur diplôme d’Européen émérite!

Si l’Europe concerne aussi peu les jeunes et autant les anciens, je me demande bien où elle va?

6 réflexions sur « L'Europe est-elle l'affaire des anciens? »

  1. J’en parlais avec Michel Foucher au Forum de Paris: il y a une « génération perdue de l’Europe ». Ou est passée la génération des 30-40 ans? Ils ne participent pas aux débats, s’investissent peu … On le les voit jamais dans les réunions européennes, on ne leur laisse pas leur place d’ailleurs, même si ils ne se bougent pas vraiment pour la prendre !

    Quelles en sont les raisons selon toi?

  2. Bah, avoir aujourd’hui trente ans et plus, essayer d’entrer correctement dans la vie active, essayer d’entrer correctement sur un marché du travail complètement verrouillé et – on le sait bien – quelque peu malade, essayer de concilier tant bien que mal vie privée, vie professionnelle et vie associative. Faut-il avoir encore le temps et la possibilité de gérer tout ça, en même temps. C’est sûr que, pour cela, nos Aînés – déjà retraités – partent avec un certain avantage…

  3. Bien sur, mais j’avais pas l’impression que c’était autant le cas pour l’engagement dans des partis politiques (ou chez ATTAC) par exemple, mais je n’ai pas de statistiques 🙂

  4. Ronan, les anciens dont je parle sont certes retraités, ont tout le temps de militer pour l’Europe… sauf qu’il le font depuis qu’ils ont 20/30 ans… D’où ma question, entre les Jeunes Européens et les Européens historiques, qui s’intéresse à l’Europe?

    Philippe, je vais te décevoir, je n’ai malheureusement aucune réponse pour le moment.

  5. Tu peux être rassuré, Cédric, avec le rénovateur en poste depuis 5 ans, l’Europe va rattraper son retard, gommer le NON français et hollandais. On peut se frotter les mains, l’Europe des affaires redécolle.

    Notre nouveau président n’aura pas d’opposition issue d’un double parti centriste, celui des officiels et celui des urnes d’il y a 15 jours, d’un PS éclaté, d’une gauche inexistante.

    L’Europe avance et grâce au nouveau Président et à Angela Merkel elle sera atlantiste à donfe. On va faire du fric, je m’en frotte les mains.

  6. Bon, ben alors je me risque à un début d’explication : peut-être que l’Europe d’aujourd’hui n’intéresse tout simplement pas la jeunesse qui a – actuellement – bien d’autres chats à fouetter et qui ne voit pas dans l’Europe les opportunités qu’elle leur offre – sans doute pourtant – pour sortir la tête de l’eau.

    Nos Aînés, eux (tout du moins ceux dont tu parles ; même s’ils n’étaient sans doute guère nombreux, également…), ils ont connu la seconde guerre mondiale, ses drames, ses tragédies, ses destructions. Une bonne raison – donc – de se mobiliser pour la construction européenne. Combat politique d’un autre âge (et, limite, complètement incompréhensible) pour les jeunes générations.

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