De la nécessité d'une extrême droite européenne?

Parlement européen à StrasbourgL’extrême droite puissante en Europe, cela n’étonne presque plus personne. Entre le FN en France, le Vlaams Belang en Flandre ou encore Samoobrona en Pologne, l’Europe entretient un lit de national-populismes aux différentes sauces locales, tantôt xénophobe, tantôt antisémite mais toujours unies dans leur diversité par un trait commun peu (ndlr: ajout) ragoûtant.

Mardi dernier, ces élus qui se réclament souvent d’une grandeur éternelle de leur pays semblent avoir exceptionnellement dépassé leur peur de l’étranger en décidant de collaborer – mieux encore – de s’allier au Parlement Européen pour former un nouveau groupe parlementaire. Une première! Avec l’arrivée de la Roumanie, l’extrême droite européenne ajoutera à ses cordes haineuses celle des tziganes.

Mais comment des élus prônant le rejet des étrangers pourront-ils collaborer entre étrangers? Sur un programme du NON bien sûr! (NB: on se rappellera à l’occasion qu’il est plus facile de dire NON que de proposer quelque chose) Non à l’immigration massive, non à la Constitution Européenne, non à la Turquie. Non à l’Europe aussi probablement, mais les irréductibles extrêmistes de droite ne risquent guère de s’engager dans cette voie sous peine de devoir renoncer à leurs gracieux émoluments européens…

Au final, 20 eurodéputés issus de 6 Etats-membres forment ce nouveau groupe. Soit le minimum exigé pour pouvoir créer un groupe parlementaire qui, une fois reconnu par le Président du Parlement européen, aura droit à des subventions ainsi qu’à des co-présidences de commissions parlementaires.

Mais quel groupe! Entre le Français Bruno Gollnisch (condamné pour avoir nié l’existence des chambres à gaz durant la seconde guerre mondiale), l’Autrichien Andreas Mölzer (exclu du parti d’extrême droite FPÖ parce qu’il était trop extrêmiste) ou encore l’Italienne Alessandra Mussolini (petite-fille de…), nous avons là une vraie « dream team »!

Bruno Gollnisch, lentement écarté de son statut de dauphin de Jean Marie Le Pen en France, trouvera ici un lot de consolation en prenant la tête de ce nouveau groupe qui portera le nom de « Identité, tradition et souveraineté« . Une association de mots passe-partout qui résonne toujours mieux que leur actuel étiquette bouche trou: « NI ». NI racistes, NI xénophobes? NI négationnistes, NI extrêmistes?

D’un côté, ce nouveau groupe ne prête guère à sourire. Quel est l’intérêt d’intégrer des anti-Européens? Malheureusement, ce groupe n’est que le reflet de nos démocraties. Certains observateurs français qui reprochent à l’Europe de ne pas être démocratique devraient peut-être par exemple réfléchir sur le fait de l’inexistence politique du FN qui ne peut plus exister que par des votes protestataires tous les 5 ans… L’Europe, c’est aussi la liberté d’opinion. Laissons donc une place à ces élus. Et combattons encore plus fermement leurs idées. Nous, pro-européens avons la chance de pouvoir proposer des idées pour l’avenir. Ces gens ont pour seule chance la mémoire sélective, de se rappeler les jours tragiques de l’Europe, ce passé où personne ne veut retourner. Accueillons donc ce nouveau groupe au PE avec tous les contre-arguments nécessaires.

11 réflexions sur « De la nécessité d'une extrême droite européenne? »

  1. Je crois que tu as fait un contresens ; en effet, « ragoûtant » est un synonyme de « appétissant ». Je ne crois pas que ce soit ce que tu aies voulu dire.

  2. A mon avis, ce qui est gênant ce n’est pas nécessairement la formation d’un groupe parlementaire d’extrême-droite au Parlement européen (après tout : qui se rassemble, s’assemble…). Vu que l’on sait tout le mal que ces gens là ont – jusqu’à présent en tout cas – eut à travailler ensemble de façon efficace pour promouvoir leurs thèses et (absence de) projet ; ainsi que leur impuissance – au Parlement européen tout du moins – à vraiment contrarier en quoi que ce soit (sinon saboter…) le travail des autres parlementaires…

    En revanche, ce qui me semble préoccupant (et les récents scores obtenus par les partis d’extrême-droite me semblent être là un symptôme inquiétant et un bon indicateur à ce sujet…), c’est la recrudescence (et le succès) dans l’opinion des idées nationalistes à fort contenu identitaire et la contagion de ces idées au-delà même de l’extrême-droite traditionnelle : jusque dans d’autres formations politiques pourtant peu réputées jusque là pour quelque éventuelle adhésion à ce genre de considérations.

    Redoutons pour l’avenir qu’une majorité  »eurosceptique » ou de  »statonationalistes » à peine honteux (ou d’Européens  »identitaires ») ne soit envoyée au Parlement communautaire. Car s’ils ne porteront effectivement pas nécessairement les couleurs de l’extrême-droite, leurs idées  »fortes » fondamentales n’en seront pourtant sans doute pas forcément si éloignées que cela…

  3. D’accord avec le post et le commentaire de Ronan. Gollnish semble se battre pour exister. C’est vrai que la montée du souverainisme est à désespérer de la politique. Par ricochet, on peut tout de même noter que cette histoire va embarrasser les conservateurs britanniques qui vont devoir rester avec le PPE. Ce nouveau groupe étant trop infréquentable pour eux.

  4. Dommage en effet que les antieuropéens britanniques ne rejoignent pas ce nouveau parti d’extrêmistes. Cette perte de députés affaiblirait certes le PPE dans un premier temps, mais le parti européen de centre-droite y retrouverait son orientation pro-européenne originelle.

    Il sera bon, tôt ou tard, de faire le « ménage » dans les partis européens, tout comme dans certains partis nationaux, et d’afficher clairement ses choix anti- ou proeuropéens. Ce sera une condition sine qua non pour rendre l’Europe politique lisible et intelligible. A nous ensuite de faire un travail pédagogique.

  5. Que les  »crypto-souverainistes » à peine cachés (tories britanniques et souverainistes de l’UMP, conservateurs du Partido Popular ou de Forza Italia, etc…) se regroupent enfin dans quelque structure proclamant en public les idées qu’ils défendent en privé, et nous y gagnerons très certainement en clareté.

    Mais, cela dit, que leurs considérations populistes et identitaires ne contaminent tout de même pas – par phénomène de  »contagion » – les rangs des  »véritables » européens présumés…

  6. Boarf, c’est une union sur le fil qui s’écroulera apès les élections Européennes qui auront lieu en Bulgarie et en Roumanie au courant de l’année.

    Je n’ai pas vrament l’impression que ce soit durable. Ceci dit, 20 sur 786 ça ne me semble pas bien significatif.

  7. Il est effectivement souhaitable que les gens, à commencer par les élus, se rassemblent selon leurs idées afin de ne pas devenir, à l’instar du Parti Socialiste, un syndicat d »élus.
    Quant à la nécessaire poursuite de la construction européenne, je considère que si le total des voix qui se seront portées, au premier tour de l’élection présidentielle française, sur les candidats porteurs du OUI au referendum sur le TCE, est nettement supérieur au même total des voix portées par des candidats du NON, il faudra alors en conclure sagement qu’une procédure de ratification parlementaire sera suffisante pour effacer l’affront imbécile qu’a constitué la victoire du hétéroclite du NON.

  8. Remarque qui n’a rien à voir, et qui ne remet absolument pas en cause le contenu de l’article (j’étais tout aussi étonnée de voir qu’un tel « club » s’était constitué… je me demande bien ce qu’ils vont pouvoir inventer…). Je dirais simplement qu’en Pologne, Roman Giertych (ministre de l’éducation… quand même…) et sa Ligue des Familles Polonaises (LPR) sont bien plus « anti-européens » que ne l’est Samoobrona. La LPR s’était entre autres distinguée du lot des partis extrêmes parce qu’assez frontalement opposée à l’entrée dans l’UE de la Pologne. Sans parler de l’Euro, cela va de soi… Et pour ce qui est de l’antisémitisme, la LPR est bien plus « active », malheureusement, que Samoobrona… Voilà, corrections de rien du tout…

  9. Samoobrona (auto-défense en Français, tout de même…) est un parti rural, en gros.
    En effet, il est d’autant moins anti-européen que les paysans Polonais commencent à percevoir les bienfaits de leur entrée dans l’UE.

    Mais ce qui est inquiétant, c’est qu’apparemment dans les sondages (et on l’a vu lors des élections municipales Polonaises) Samoobrona est en perte de vitesse, et LPR en nette progression.

  10. Effectivement, Samoobrona est moins extrêmiste que la LPR mais je pensais (peut être à tort) plus pertinent de le mentionner lui dans la mesure où son leader Lepper est un peu plus connu, toutes proportions gardées…

    De toute façon, dans un cas comme dans l’autre, les idées n’en restent pas moins détestables. 🙁

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